vendredi 30 mai 2008

[Croyance] La source et la chapelle de Moncourt

Chapelle de Moncourt - Sauvigny (55)


La croyance :


La chapelle Saint-Gibrien ou chapelle de Moncourt est l’objet de plusieurs croyances.

Les premières concernent la source qui prend naissance près de la chapelle.
La croyance attribut à l’eau qui coule près de l’édifice, la capacité de soigner les maladies intestinales.


Un ru coule à proximité de la chapelle

Il y existait une autre superstition qui attribut à la fontaine près de la chapelle le pouvoir de déterminer si un malade allait guérir. Si en posant un vêtement à plat sur l’eau de la fontaine, celui-ci s’enfonçait dans l’eau la guérison était assurée.


La fontaine et des vaches sans soucis digestifs ? Un bienfait pour la couche d'ozone...

Le second type de croyance relatif aux lieux est la guérison des estropiés via l’intercession, selon les sources, soit de Saint-Gibrien, soit de Notre-Dame-de-Moncourt.


La réalité :

Deux en un, c’est plus malin :

La chapelle de Moncourt possède une légende qui met en valeur notre dame de Moncourt, toutefois elle est à l’origine placée sous le patronage de Saint-Gibrien. Il y a donc dans cette petite chapelle deux cultes sous le même toit et le tout à tendance à se mêler un peu. Nous avons vu notamment que les prières pour les estropiés étaient parfois adressées à Saint Gibrien, et parfois à Notre Dame-de-Moncourt. D’ailleurs la date du pèlerinage est le 15 Août, date de l’Assomption, donc en relation avec la Vierge. De plus la chapelle est parfois nommée par un nom et parfois par un autre.


Pour en savoir un peu plus sur Notre Dame-de-Moncourt, je vous renvoie à la légende.


Saint Gibrien et son bâton : deux, c’est un de trop.

Peu d’informations sur ce saint sont arrivées jusqu’à nous. On retrouve beaucoup de points communs avec Saint Colomban que nous avons déjà vu. Moine Irlandais, ayant vécu au 5ème siècle, il gagne la France pour l’évangéliser accompagné de ses cinq frères et ses trois sœurs. A Reims, saint Rémy lui confit un ermitage et il vivra en anachorète. Il décédera dans son ermitage et le village prendra le nom de Saint Gibrien (Marne). La légende veut que lorsque la chapelle sous laquelle il reposait fut détruite, on retrouva son corps intact. Celui-ci aurait été alors transporté à la cathédrale de Reims et mis dans une chasse.

De lui, il resterait un objet appelé bâton de Saint Gibrien au musée de Reims. Est-ce là l’origine des prières pour les personnes amputées ? C'est que nous allons voir.

L’objet que l’on trouve au musée de Reims est une crosse sculptée. Si vous souhaitez avec la description minutieuse de cet objet, je vous renvoie à la publication de la société française d’archéologie. Pour ma part je me contenterai de vous montrer le dessin de ce bâton produit dans cette même publication et de vous en donner une très rapide description.

D’une hauteur estimée de 1,55m (il en manque un fragment), la crosse comporte vingt compartiments sculptés. Elle est composée de trois matières symboliques différentes : l’ivoire pour ramener les faibles avec douceur, le buis pour la dureté de son bois qui symbolise la fermeté des dogmes, et le fer pour la sévérité à employer contre les rebelles. Quand à l’iconographie, on trouve principalement les étapes importantes de la vie du Christ allant de l’annonciation à la pentecôte. Contrairement à ce que laisse penser la reproduction, et contrairement à des crosses similaires, celle-ci n’est pas peinte. Il semblerait également que la gravure soit assez grossière.

Cette crosse a-t-elle put inspirer les contemporains du saint quand à sa capacité de traiter les problèmes des amputés ? Et bien à priori, non car cette crosse ne lui a jamais appartenu. Tout d’abord parce que les crosses sont réservées, à cette époque, uniquement aux évêques et ensuite, et surtout, parce que cette crosse date, selon les experts, du 11ème siècle (et ça c’est quand même une bonne raison).

Nous ne sommes donc pas plus avancé. Sauf que… Sauf que selon ces mêmes experts et des historiens, Saint Gibrien aurait bien été connu pour son bâton, mais un simple bout de bois dont il se serait servi sur ses vieux jours comme d'une canne. Après sa mort, la canne aurait été conservée religieusement (c'est le cas de le dire) à l’église Saint Rémy et aurait servi lors des processions commémorant le saint. Pour l’occasion elle aurait été entièrement recouverte d’une feuille d’or. Voila un bâton qui semble un bien meilleur candidat pour servir de symbole de la guérison des amputés et estropiés.



Plan :

Voici le plan pour vous rendre à la chapelle de Moncourt. La chapelle se trouve à peu de distance de la route entre Sauvigny et Clérey-la-Côte. Elle est visible de la route.


Les légendes thématiquement proches :


Les légendes géographiquement proches :


Bibliographie :

La vierge de Moncourt. Roger Wadier. Légendes Lorraines de Mémoire Celte. Pages 160-162.

Moncourt (chapelle). Wikipédia. http://fr.wikipedia.org/wiki/Moncourt_(chapelle)

Moncourt. Site de la commune de Clérey-la-Côte. http://clerey.neuf.fr/En/moncourt.htm

Congrès archéologique de France. XXVIIIème session. Séances générales tenus à Reims, à l’Aigle, à Dives et à Bordeaux, en 1861. Société archéologique de France. Pages 160 à 171.
http://books.google.fr/books?id=ifwEAAAAYAAJ&pg=PA160&lpg=PA160&dq=baton+saint+gibrien&source=web&ots=dEpM1_WavP&sig=x3VKlT35fpUyum-NGyKPBCk0b_U&hl=fr#PPA170,M1

La légende de la vierge de Moncourt

Chapelle de Moncourt - Sauvigny (55)


La légende :

Fut un temps où s’élevait, près de la Meuse, le village de Moncourt. La guerre de trente ans qui fit tant de ravage en Lorraine eut raison des habitations, exception faite de la chapelle, qui fut épargnée. La commune de Sauvigny, qui intégra l’ancienne commune, décida de raser le dernier vestige du village disparu. Huit hommes furent dépêchés pour transporter la vierge de la chapelle, objet de dévotion, ainsi qu’une statue de Saint-Gibrien, saint patron des lieux, jusqu’à l’église de Sauvigny.

Au moment de sortir de la chapelle avec la vierge, il fut impossible aux hommes de passer la porte. Ils eurent beau faire, pas moyen de la soulever, ni de l’incliner pour lui faire quitter sa chapelle. On attela des chevaux, mais le résultat ne fut pas meilleur, les chevaux refusant de tirer malgré les injonctions des charretiers. Devant l’impossibilité de quitter les lieux, deux hommes remplacèrent la statue sur son socle et ceci sans aucune peine, la vierge étant devenue légère comme une plume.

Devant ce miracle, dix-neuf habitants de Clerey-la-côte, la commune voisine, se cotisèrent pour acheter à Sauvigny la chapelle et le terrain.


La réalité :

Voici un exemple d’une légende, très répandue, servant à expliquer la localisation d’une chapelle ou d’une église. Il faut bien sûr y voir l’image de la volonté divine quand à la localisation du lieu de culte. Dans d’autres légendes les statues se laissent déplacer mais reviennent inlassablement, à la faveur de la nuit, à leur point de départ. Bien d’autres variantes de ce thème sont possibles. Nous avions vu, par exemple, que la tradition populaire explique la fondation de l’abbaye Saint-Michel de Saint-Mihiel (Meuse) par des reliques que la branche, sur laquelle elles avaient été accrochées, mit inexorablement hors de portée tant que promesse n’eut pas été faite de bâtir un lieu de culte.


La chapelle de Moncourt ou Saint-Gibrien:


Comme la légende nous l’indique, bien que la chapelle soit sur le territoire de Sauvigny, en Meuse, elle appartient à la commune vosgienne de Clérey-la-Côte qui lui est voisine. Une partie de la légende doit être vraie. On peut imaginer que certains habitants de Clérey, ne voulant pas voir détruire la chapelle, la rachetèrent à la commune de Sauvigny.

Il semblerait que la chapelle date pour sa plus grosse partie du 14ème siècle, mais que son origine remonte au 13ème. Quand à la destruction du village de Moncourt, certains la font remonter au 15ème siècle, d’autres (comme dans notre légende) à la guerre de trente ans (1618-1648). Peut-être y a-t-il eu confusion avec la guerre de cent ans. Après la destruction de Moncourt, la chapelle sera gardée par un ermite.


La chapelle est placée sous le patronage de Saint-Gibrien et est réputée pour les vertus curatives de sa source. C’est ce que nous verrons ici.


Notre Dame-de-Moncourt :


Notre-Dame-de-Moncourt est une statue polychromique en pierre. Elle représente une vierge à l’enfant haute de 119 cm. Quand à sa date de réalisation ; elle est estimée dater du 16ème siècle. Elle est l’objet d’un culte qui se traduit par un panneau peint face à elle. Il existe un pèlerinage tous les 15 août, mais qui s’adresse aussi à Saint-Gibrien, invoqué pour différents maux.


Plan :

Voici le plan pour vous rendre à la chapelle de Moncourt. La chapelle se trouve à peu de distance de la route entre Sauvigny et Clérey-la-Côte. Elle est visible de la route.


Légende thématiquement proches :

Légendes géographiquement proches :


Bibliographie :

La vierge de Moncourt. Roger Wadier. Légendes Lorraines de Mémoire Celte. Pages 160-162.
D’où j’ai tiré cette légende.

Moncourt (chapelle). Wikipédia. http://fr.wikipedia.org/wiki/Moncourt_(chapelle)

Moncourt. Site de la commune de Clérey-la-Côte. http://clerey.neuf.fr/En/moncourt.htm

Bases de données Palissy et Mérimée. Ministère de la culture. http://www.culture.gouv.fr/culture/inventai/patrimoine/

mardi 27 mai 2008

Index par support

!!! En cours de réindéxation !!!!

Vous trouverez ici les légendes, contes et croyances classés par support. J'entends par là en fonction de l'élément visible sur lequel la légende a pris corps. Une légende peut être retrouvée plusieurs fois si elle prend pied sur différents supports existant ou ayant existé.

Vous pouvez également consulter l'index géographique et thématique.

Abbayes :
Abbaye Saint Paul :
Abbaye Saint Michel : La légende de la fondation de l'abbaye de Saint-Mihiel
Abbaye de Gorze : La légende du souterrain de l'abbaye de Gorze

Basilique :
Basilique d'Avioth : La légende du Warabouc

Blason :
La légende du bailli

Cathédrale :
Cathédrale de Dol de Bretagne : La légende de la tour de la cathédrale de Dol
Cathédrale de Metz : La légende de Pierre Perrat, architecte de la cathédrale de Metz
Cathédrale de Strasbourg : La légende du pilier des anges

Champs :
Champs de Volaiville : La légende des Nutons de Volaiville

Chapelles :
Chapelle de la gueule du loup : La légende du loup de Malzéville
Chapelle de Rabas : La légende de la chapelle de Rabas et de la source Charlemagne 1/2
Chapelle de Rabas : La légende de la chapelle de Rabas 2/2
Chapelle Gare-le-cou : La légende de la chapelle Gare-le-cou
Chapelle Sainte Anne : La légende de la chapelle Sainte Anne
Chapelle Saint-Roch : La légende du bon Dieu de Pitié
Chapelle de Massey : La légende du seigneur délivré
Chapelle de Montcourt (ou Saint Gibrien) : La source et la chapelle de Montcourt [Croyance]
Chapelle de Montcourt (ou Saint Gibrien) : La légende de la vierge de Montcourt
Chapelle du Château d'Esch sur Sûre : La mystérieuse annonce de la mort d'Henri d'Esch

Châteaux :
Château de Girsberg : La légende des deux frères de Ribeaupierre
Château de Gombervaux : La légende du château de Gombervaux (1)
Château de Gombervaux : La chasse infernale de Hugues de Gombervaux
Château de Greifenstein : La légende de la dame blanche de Greifenstein
Château de Montségur : La légende de la dame blanche de Montségur
Château de Puivert : La légende du lac de Puivert
Château d'Esch sur Sûre : La mystérieuse annonce de la mort d'Henri d'Esch
Château Saint-Ulrich : La légende des deux frères de Ribeaupierre

Croix :
Croix des mascarades : La légende de la croix des mascarades
Paul-croix (ou Pal-croix) : La légende des reliques de Saint Paul

Ermitage :
Ermitage de Dusenbach : La légende des deux frères de Ribeaupierre
Ermitage Saint-Rouin : La légende de Saint-Rouin

Fontaine :
Fontaine des deuxnouds : La légende de Saint-Rouin

Forêt :
Forêt de Vernuil-Grand : La légende du Warabouc

Grotte/Cavités :
Trou Robert Fey : La légende du souterrain de l'abbaye de Gorze
Trou des Nutons : La légende des Nutons de Volaiville

Lacs :
Lac de Puivert : La légende du lac de Puivert

Menhirs :
Menhir du Champ Dolent : La légende du menhir du Champ Dolent
Menhir du Champ Dolent : La légende de la tour de la cathédrale de Dol

Monastère :
Monastère de Wasloge (Beaulieu en Argonne) : La légende de Saint-Rouin

Roches :
Dames de Meuse : La légende des dames de Meuse
Roche de Saint Colomban : La légende de la roche de Saint Colomban
Roche "les Autels" : La légende de la belle dame des autels
Rochers de la Frasse : La légende du Grand Veneur de la Frasse
Saut de la pucelle : La légende des étoiles de Sion
Saut du Prince Charles : La légende du saut du Prince Charles

Sources :
Source Charlemagne : La légende de la chapelle de Rabas et de la source Charlemagne 1/2
La source de la chapelle Sainte Anne de Broye[Cr]
Source de la chapelle de Massey [Cr]
Source de Gombervaux : La chasse infernale de Hugues de Gombervaux
Source de Montcourt : La source et la chapelle de Montcourt [Croyance]

Statue :

La légende de la chapelle de Rabas 2/2

La légende du bon Dieu de Pitié

La légende du pilier des anges

La légende du Warabouc

La source et la chapelle de Montcourt [Croyance]

lundi 26 mai 2008

Index géographique

!!!! En cours de réindéxation !!!!

Vous retrouverez ici les légendes, croyances et contes classés par lieux par liste ou sur la carte.

Vous pouvez également consulter l'index thématique et l'index par support.

AlSACE

Bas-Rhin (67)
Duttlenheim :
La légende du bailli
Ribeauvillé :
La légende des deux frères de Ribeaupierre
Saverne :
La légende du saut du Prince Charles
La légende de la dame blanche de Greifenstein
Strasbourg :
La légende du pilier des anges


BELGIQUE

Volaiville :
La légende des Nutons de Volaiville

BOURGOGNE

Côte d'or (21)
Heuilley-sur-Saône :
La légende de la chapelle Sainte Anne


BRETAGNE

Ile-et-Vilaine (35)
Dol de Bretagne :
La légende du menhir du Champ Dolent
La légende de la tour de la cathédrale de Dol


LANGUEDOC-ROUSSILLON

Aude (11)
Puivert :
La légende du lac de Puivert


LORRAINE

Meurthe-et-Moselle (54)
Malzéville :
La légende du loup de Malzéville
Sion :
La légende des étoiles de Sion
Toul :
La légende de la chapelle Gare-le-cou


Meuse (55)
Avioth :
La légende du Warabouc
Epiez :
La source de la chapelle Sainte Anne de Broye[Cr]
Haudiomont :
La légende des reliques de Saint Paul
Montcourt :
La légende de la vierge de Montcourt
Pagny-sur-Meuse :
La légende du seigneur délivré
Source de la chapelle de Massey [Cr]
Saint-Mihiel :
La légende des dames de Meuse
La légende de la fondation de l'abbaye de Saint-Mihiel
Saint-Rouin :
La légende de Saint-Rouin
Sauvigny :
La légende de la vierge de Montcourt
La source et la chapelle de Montcourt [Croyance]
Vaucouleurs :
La légende du château de Gombervaux (1)
La chasse infernale de Hugues de Gombervaux
Verneuil-Grand :
La légende de la croix des mascarades
La légende du Warabouc

Moselle (57)
Dornot :
La légende du Grand Veneur de la Frasse

Gorze :
La légende du souterrain de l'abbaye de Gorze
La légende de la belle dame des autels
Koenigsmaker :
La légende du bon Dieu de Pitié
Metz :
La légende de Pierre Perrat, architecte de la cathédrale de Metz
Saint Hubert :
La légende de la chapelle de Rabas et de la source Charlemagne 1/2
La légende de la chapelle de Rabas 2/2

Vosges (88)
Gerardmer :
La légende de la roche de Saint Colomban

LUXEMBOURG :

Esch-sur-Sûre :
La mystérieuse annonce de la mort d'Henri d'Esch

MIDI-PYRENEES

Arièges (08)
Montségur :

La légende de la dame blanche de Montségur


samedi 10 mai 2008

La chasse infernale du comte Hugues de Gombervaux

Château de Gombervaux - Vaucouleurs (55)


En préambule de ce texte, je tiens à signaler plusieurs points. Tout d’abord, j’ai un doute sur la fait que ce texte soit une véritable légende. Il s’agirait certainement plutôt d’une histoire créée de toute pièce et écrite à la manière d’une légende. Je m’expliquerai sur ce point à la fin du texte. Le second point découle du premier, c’est que, cette fois, ci je n’ai pas réécrit l’histoire. Je vous la livre donc tel qu’elle fut écrite par son auteur. Le troisième point concerne la longueur de l’histoire plus conséquente qu’à l’accoutumé.

Voici donc le texte d’Auguste Fageot-Darcémont.


La chasse infernale du comte Hugues de Gombervaux.

utrefois, il y a bien longtemps de cela, le château de Gombervaux dressait fièrement son donjon flanqué de quatre tours au bord d’un plateau tourné vers le sud et dont la pente abrupte dévalait vers Vaucouleurs. Le comte Hugues en était seigneur et maître. C’était un homme de haute taille, aux traits rudes, à la mine altière, à la main lourde. Les vilains tremblaient en sa présence pour peu que sa voix vint à s’enfler. Il avait cependant bon cœur, mais cette précieuse qualité était en grande partie gâtée par une impétuosité et une violence naturelles que rien ne pouvait arrêter.

Il se laissait alors aller au gré de ses passions et ses colères étaient terribles.

Il chérissait tendrement sa femme, une demoiselle de noble maison qu’il avait épousée depuis peu. Dame Harlette, ainsi se nommait-elle, était toute mignonne ; ses traits étaient fins et délicats, ses yeux bleus étaient profonds et rêveurs et ses cheveux blonds encadraient de leurs boucles soyeuses une figure toujours souriante bien qu’un peu pale, sous son hennin garni de dentelles. Elle était de petite taille, aussi paraissait-elle une enfant près de son gigantesque époux. On la savait bonne et compatissante aux misères des pauvres gens ; aussi pas une âme qui ne bénit son nom dans les chaumières du voisinage. Dès que venait le printemps, sur sa haquenée isabelle, elle allait à travers champs, le long des blés verts, l’aumônière à la ceinture, visitant les manants et laissant çà et là avec de douces paroles qui mettaient du baume dans l’âme, quelque menue monnaie.



Elle excellait aussi à fabriquer de ses blanches mains des onguents et autres remèdes souverains pour toutes sortes de blessures et maladies. Sa présence égayait jusqu’aux salles sombres et tristes du manoir qui n’entendaient le plus souvent que les propos grossiers des gens d’armes.

Le comte Hugues avait à son service un intendant nommé Siegfried, que ses compagnons avaient surnommé « Tête de Loup », à cause de sa mâchoire qu’il avait saillante et garnie de dents longues et pointues, ce qui en vérité le faisait assez ressembler à l’animal dont on lui avait donné le nom.

Quand le maître était absent, Siegfried commandait au château. Outre qu’il était laid, c’était bien l’être le plus vil et le plus hypocrite que l’on put voir. Il ne cherchait qu’à satisfaire ses appétits bas et grossiers et ne reculait devant rien pour arriver à ses fins.

Charmé par les grâces de sa maîtresse, il conçut le dessein de la séduire, mais dame Harlette qui avait son mari en grand respect et grande amitié repoussa avec colère et mépris les avances de Siegfried. L’intendant tout honteux de sa défaite, redoutant la colère de son seigneur, sollicité son pardon et demanda à ce que le comte ne fut pas instruit de son équipée ; la bonne dame lui accorda ce qu’il désirait. Siegfried se retira un sourire de reconnaissance aux lèvres, mais la rage au cœur et il promit de se venger.

Un jour, le comte Hugues de retour au château après une assez longue absence, entra dans une violente colère. On avait trouvé assassiné, le matin même, un homme d’arme qu’il affectionnait tout particulièrement, et qu’il mettait toujours de garde au pont-levis.



Sa fureur ne connut plus de bornes quand son intendant survenant lui annonça d’un air hypocrite qu’il avait vu lui-même, à l’aube, un inconnu sortir par la fenêtre de l’appartement de dame Harlette, puis descendre dans la cour à l’aide d’une longue corde fixée à l’appui de la dite fenêtre. D’ailleurs le mur portait encore les traces toutes fraîches de traces d’escalade.

Sans chercher à éclaircir cette étrange aventure, comme une bâte fauve, en proie à une fureur inexprimable, il se précipita dans la chambre de dame Harlette, et sans explication, le comte la saisit brutalement, meurtrissant son poignet mignon, et la jeta rudement à terre. Puis, le cœur mordu par le démon de la jalousie, il fouilla les coffres, jeta leur contenu au milieu de la salle, arracha les draperies et brisa quantité de menues et jolies choses.

Tout à coup, il poussa un cri terrible, il venait de découvrir derrière le lit massif une toque de velours grenat ornée d’une plume verte qu’il n’avait jamais vu céans et qui ne pouvais appartenir qu’à un étranger. Certain maintenant de la culpabilité de sa femme, il ordonna à ses soldats d’enchaîner la pauvre dame qui toute meurtrie et toute suffoquée de peur devant cette violence qu’elle ne comprenait pas, était demeuré évanoui sur le parquet.

Puis une idée atroce lui vint à l’esprit. « Qu’on apporte une tonne garnie de clous », cria t’il. L’intendant Siegfried devinant les intentions de son maître se chargea de faire exécuter les ordres. Il descendit aux celliers, choisit une tonne vide et résistante, fit enfoncer dans les douves des clous qu’il choisit longs et acérés, de telle sorte que les pointes après avoir traversé le bois ressortissent de l’autre coté, puis cela fait, il fit ôter un des fonds.

Satisfait, il fit conduire la tonne au dehors du château, au bord de la pente dévalant vers Vaucouleurs. Des soldats portaient le corps toujours inanimé de dame Harlette ; la pauvre femme fut introduite dans l’instrument de son supplice, après quoi, à grand coup de marteau, fond oté fut replacé.

Le comte Hugues regardait ces opérations d’un air sombre et impatient ; il restait sourd aux supplications de ses hommes d’armes et aux prières des paysans qui accouraient de toutes parts pour implorer le pardon de leur seigneur.

C’était grand’pitié de les voir, les pauvres gens, tous à genoux, remplissant l’air de leur lamentations.

Quand tout fut terminé, le comte fit un signe, la tonne fut amenée au bord de la pente, et l’intendant Siegfried lui-même la poussa d’un vigoureux coup de pied. Elle se mit à dévaler la côte avec une rapidité vertigineuse et un bruit formidable, roulant et rebondissant sur les cailloux, brisant tout sur son passage. Enfin elle vint s’écraser sur des roches situées au bas de la pente et qui s’émiettèrent sous le choc. La foule ses manants, accablée de douleur à la vue de ce supplice atroce, se précipita pour ensevelir au moins décemment les chers restes de leur bienfaitrice, qu’ils devinaient innocente et sans reproche. Quand ils arrivèrent en bas de la descente, ils retrouvèrent la tonne en mille pièces, mais de cadavre point ; seulement ils aperçurent, sortant des débris, une mignonne souris blanche qui trottinait si doucement, si gentiment au milieu d’eux qu’on aurait cru qu’elle s’y trouvait en sûreté. Cependant elle finit par pénétrer dans une fissure du sol, de laquelle on vit bientôt jaillir une source abondante et limpide.



Le comte Hugues rentra en son château, et durant de longs jours, il s’y tint enfermé. Il allait, sombre et muet, par les longs corridors ; souvent, à une heure avancée de la nuit, on entendait encore son pas pesant résonner sur le parquet de la haute salle du donjon. Le comte Hugues ne pouvait dormir. Comme il avait profondément aimé sa femme – et, Dieu sait ! peut-être l’aimait-il encore ? – sa colère tomba peu à peu pour faire place à une profonde tristesse. Il en vint à se demander s’il n’avait pas agi trop précipitamment, et surtout trop cruellement, et peu à peu le regret de son action se changea en un cuisant remord. Même il finit par éprouver une sourde rancune contre son intendant, lui reprochant de s’être prêté trop complaisamment au supplice de dame Harlette.

Un soir après toute une journée passée ainsi à songer dans son appartement, le comte était monté sur la plateforme du donjon, afin de rafraîchir se tête brûlante à la brise montante de la vallée, quand il s’aperçut d’une chose qui le fit frissonner d’épouvante.

Il lui sembla que son castel s’affaissait peu à peu, comme si une main invisible mais puissante, l’eut entraîné vers quelque gouffre sans fond. Autrefois, du haut de la maîtresse tour, la vue s’étendait au loin vers la rivière de Meuse, jusqu’à Maxey, jusqu’à Montbras, dont on apercevait distinctement les tourelles aux toits d’ardoises, et voici qu’à présent il voyait à peine Vaucouleurs, dont moins d’une demi-lieue le séparait.



Le comte Hugues pâlit ; il comprit qu’il avait du commettre quelque crime énorme pour que le châtiment survint ainsi, terrible autant que mystérieux ; déjà, l’histoire de la souris blanche sortie de la tonne, ainsi que celle de la source miraculeuse, l’avaient rempli de trouble et d’étonnement.

Et, plus que jamais, le comte regretta son crime, ses cheveux blanchirent et son castel continua de s’enfoncer vers un abîme insondable. Les bords du plateau formaient à présent comme une énorme barrière autour du château, qui paraissait bâti au fond d’une gigantesque cuvette. Du haut du donjon, on ne voyait plus que les pentes raides et arides qui en formaient les bords et un peu de ciel bleu.

Depuis ce jour, un air de tristesse et de mort sembla répandu dans tous les coins du manoir ; les soldats, consternés et remplis d’épouvante, ne chantaient et ne riaient plus ; les paysans, qui avaient perdu leur bienfaitrice et qui croyaient le château maudit ne passaient plus le pont-levis.

Seul, l’intendant Siegfried, qui savourait sa vengeance, avait conservé sa bonne humeur.

Un jour n’y tenant plus, étant plus que jamais en proie aux reproches de sa conscience, il voulut à tout prix éclaircir les faits qui avaient été cause de la morte de dame Harlette.

Il fit venir l’intendant, ainsi que plusieurs soldats, écouta les uns et les autres et ne tarda pas à s’apercevoir que Siegfried lui cachait la vérité. Il eut un soupçon, et le misérable, pressé par le comte, ne tarda pas à avouer que c’était lui-même qui s’était introduit dans l’appartement de dame Harlette, y avait caché la toque compromettante, puis en était sorti par une fenêtre, tuant le soldat de garde qui était accouru au bruit.

Le comte Hugues n’en écouta pas d’avantage, il saisit sa lourde épée et d’un seul coup trancha la tête de l’intendant, qui s’était jeté à genoux pour implorer son pardon.

Au même instant, un énorme loup que nul n’avait vu entrer, sortit en bondissant, et traversant comme une flèche le pont-levis, au milieu des soldats ahuris, gagna la forêt toute proche en poussant de longs hurlements.

A partir de ce jour, le comte fut plus triste que jamais ; bien qu’il fut à la fleur de l’âge, ses cheveux blanchirent et son corps se voûta comme celui d’un vieillard. Il songeait sans cesse à dame Harlette, qui lui fut si bonne, si fidèle et qu’il fit si cruellement périr. Son amour pour sa femme se raviva sous le poids du remord, il fit bâtir une chapelle à l’endroit où se brisa la tonne maudite et tous les jours il y vint prier. L’appartement de sa femme demeura clos, lui seul y pénétrait ; il le fit remettre dans l’état où il se trouvait du vivant de dame Harlette, et il se prit à y passer la plus grande partie de ses journées.

Cependant le manoir s’enfonçait toujours, d’une façon lente, mais continue ; quand on arrivait sur le plateau, le sommet du donjon permettait seul de soupçonner l’existence du castel qui se dressait autrefois si orgueilleusement.



Le comte, auparavant si fier su manoir de ses pères, en était fort chagrin ; souvent la nuit, quand il ne pouvait reposer, il montait sur la plateforme du donjon, et de sentir toute proche la fin de son beau castel, de grosses larmes glissaient sur ses rudes moustaches. Maudissant sa triste destinée, le comte Hugues passait ainsi la majeur partie de ses nuits à se promener au haut de la maîtresse tour, et chaque fois, lorsque minuit sonnait, il apercevait sur le bord du fossé, en face de lui, deux points lumineux qui brillaient dans l’obscurité comme deux charbons ardents. Si la lune masquée par un nuage se montrait soudain, il voyait assis sur son arrière-train un grand loup d’une taille peu commune et qui ressemblait fort à celui qui s’était échappé du château le jour de la mort de l’intendant.

La présence de la bête fauve, toujours à cette même heure de le nuit, lui fut d’abord indifférente, rien de pouvant le distraire de ses pensées, mais la persistance de la bête, son air de défi, finirent par l’intriguer, puis pas l’exaspérer, à tel point qu’il se résolut à lui donner la chasse.

A minuit, alors qu’il faisait grande lune, il sortit du château, monté sur son meilleur coursier, à la tête de ses plus habiles compagnons, armés d’épieux et d’arbalètes, escortés de grands chiens lévriers, rapides comme le vent et féroces comme des loups. La petite troupe gravit la pente, de l’autre coté de la douve, déboucha sur le plateau et se trouva face à face avec la bête.

C’était un loup de taille gigantesque et de terrible aspect : ses yeux brillaient comme des escarboucles ; ses dents aiguës et blanches avaient bien un pouce ; ses oreilles, longues et un peu recourbées vers l’arrière, ressemblaient à deux cornes ; ses pattes, hautes et musclées, étaient garnies de griffes d’une longueur démesurée ; en outre, il avait sous la mâchoire une étrange petite barbiche qui flottait à la brise nocturne. Tous étaient braves chasseurs, mais om n’en fut pas un qui ne sentit frissonner à la vue de cette bête extraordinaire.

A l’approche des cavaliers, elle se leva doucement et, sans se presser, partit au petit trop dans la direction de la forêt.

Alors la chasse commença : sous la morsure des éperons, les chevaux, à bride abattue, volèrent sur les traces de l’animal, précédés par la meute des lévriers qui bondissaient autour de la bête féroce. Ce fut une étrange chevauchée ; comme une trombe, bêtes et cavaliers d’engouffrèrent dans la forêt ; les arbres et les buissons paraissaient s’effacer devant eux pour leur livrer passage. Des forêts inconnues, des champs, des landes, puis des forêts encore défilèrent, traversés à folle allure, sans que la poursuite parut se ralentir. Les chevaux ne semblaient éprouver aucune fatigue, bien qu’il fussent couvert d’écume, et les cavaliers courbés sur l’encolure, l’épieu à la main, demeuraient muets et farouches.



A quelques toises en avant, la bête, jamais lasse, entourée des lévriers qu’elle maintenait à distance, bondissait droit devant elle. C’était comme un ouragan qui courait à travers la forêt endormie.

Parfois une flèche lancée par l’un des chasseurs partait dans un long sifflement, mais sa pointe acérée n’avait pas de prise sur l’animal, le trait tombait à terre et la bête repartait de plus belle.

Et la chasse continua, furieuse, acharnée, sans que rien ne vint l’arrêter. Elle était si rapide qu’on ne pouvait rien distinguer, sinon une grande rumeur, quelque chose comme un grondement de tonnerre accompagné d’un tourbillon de poussière, puis une plainte vague qui se mourait dans les profondeurs des bois, puis plus rien, sinon un dernier souffle d’air qui faisait frissonner les feuilles. A ce moment, les oiseaux se taisaient, les bêtes sauvages se terraient dans leur repaires ; malheur à qui se trouvait sur le passage de la chasse infernale : on n’en retrouvait miette.



Combien de temps dura cette étrange chevauchée ? Nul ne le saurait dire.

Après avoir été, croit-on, jusqu’aux confins de la forêt d’Ardennes, elle se poursuivit en Allemagne, puis, redescendant la vallée du Rhin et les sombres massifs des Vosges, elle revint vers les marches de la Lorraine et de Champagne. Et, après bien des jours et des nuits d’une course enragée, la troupe du comte Hugues déboucha un certain soir, au crépuscule, dans les bois de Gombervaux, toujours chassant devant elle la bête mystérieuse et infatigable.

Le comte arriva près de son manoir qu’il n’avait vu depuis de longues années ; il l’aperçut tout blanc au clair de lune, mais déjà à demi ruiné, au fond d’une combe étroite et solitaire. Ce fut pour lui grande douleur de voir son castel en cet état. Puis il passa près de la fontaine miraculeuse et, au souvenir de sa dame bien-aimée qu’il avait fait trépasser injustement de si méchante façon , il sentit son cœur mollir et de grosses larmes de repentir coulèrent le long de ses joues amaigries. Il descendit de cheval, se baigna le visage d’eau transparente, puis pria bien dévotement sur les marches de la chapelle qu’il avait autrefois fait édifier.



Mais comme le comte remontait à cheval et rejoignait à toute vitesse la chasse qu’on entendait au loin gronder à travers bois, il ne vit pas la porte de la chapelle s’ouvrir toute grande pour livrer passage à une forme indécise, dont le visage et le corps étaient couverts de voiles blancs, mais dont les longs cheveux blonds flottaient épars sur les épaules. Cette mystérieuse apparition tenait, d’une main, un épieu à la pointe longue et acérée, et de l’autre, elle conduisait un destrier revêtu de housses blanches, sur lequel elle sauta légèrement.

Comme s’il avait eu des ailes, en quelques minutes d’une course rapide et silencieuse, le coursier mystérieux amena son maître aux cotés du comte qui avait repris sa place en tête de la troupe des chasseurs. Hugues ne s’aperçut pas de la présence d’un nouveau compagnon, tout occupé qu’il était à placer une nouvelle flèche dans son arbalète ; il banda la corde et le trait partit en sifflant. Mais cette fois, la bête, touche, s’arrêta net en poussant un hurlement terrible et, faisant face aux chasseurs et aux chiens, d’un bond énorme elle se précipita sur le comte et lui planta ses crocs dans la gorge. Alors la forme blanche leva l’épieu qu’elle avait en main et en toucha l’animal qui tomba raide mort.

Quant au comte, il était tombé lourdement à terre, près de la bête, pendant que les chasseurs restaient immobiles sur leurs chevaux. On vit alors le mystérieux personnage écarter les voiles qui cachaient son visage, et tous reconnurent dame Harlette.



Elle descendit de cheval, souleva avec précaution la tête du comte, dont les yeux grands ouverts exprimaient en même temps l’effroi et l’amour, puis, doucement, bien doucement, la bonne dame, se penchant sur lui déposa à plusieurs reprises sur son front pali le baiser du pardon. Puis, les yeux du comte se fermèrent pour toujours et il rendit l’âme à Dieu, en poussant un grand soupir. Quant aux homme d’armes, fidèles compagnons de leur maître, ils avaient vieilli, sans soute, durant cette chasse interminable, car, tout d’un coup, homme, chevaux et lévriers s’écroulèrent pêle-mêle, avec un affreux bruit d’os froissés et de ferrailles heurtés.

Jean-Louis, le bûcheron, témoin de cette scène horrible, l’a raconté ainsi depuis à maints compagnons du pays de Vois ; quand à noble dame Harlette – Jean-Louis l’a bien vu aussi – elle est remontée sur son destrier et, ayant en croupe le corps du comte Hugues de Gombervaux, son mari, elle disparut ans le brouillard opaque qui s’était formé en quelques instants.

Depuis ce jour, nul n’a plus jamais entendu parler d’eux : la chasse du comte Hugues était terminée ; et depuis ce jour aussi, le château de Gombervaux a cessé de s’enfoncer vers l’abîme : le pardon était venu effacer la faute, sous le forme d’un baiser.

P-A Fageot-Darcémont.


La réalité :


La chasse de Hugues de Gombervaux : Légende ou création ? :

Le texte parut dans « Le Pays Lorrain » en 1912 est présenté comme une légende car précédé de l’intitulé « Contes et légendes du pays de Void ». Il reprend effectivement de nombreux thèmes propres à celles-ci. Nous avons dans le même texte : une dame blanche, des transformations en animaux, une chasse fantastique, la présence d’un sorcier, voire peut être même du diable, et de ce qui peut être assimiler à une fée. Nous avons donc un véritable concentré légendaire dans ce seul texte. Voici pour le fond.

Pour la forme, là encore nous avons une construction à la manière d’une légende : fourberie, vengeance, pénitence, pardon… et le conteur enrobe le tout en exagérant les traits comme il se doit dans toutes légendes qui se respectent. La dame possède toutes les qualités possibles ; le « méchant » est évident noir comme l’enfer, etc...

Toutefois je n’ai pas réussi à trouver d’autres textes permettant de croiser les thèmes de ce récit. Il existe bien une légende authentique concernant l’enfoncement de Gombervaux, mais c’est la vengeance du diable qui est en cause.

L’ancrage dans le réel, caractéristique des légendes, est ici très léger. Aucunes traces d’un comte Hugues de Gombervaux (toutefois la généalogie de la famille semble comporter des lacunes), aucunes traces non plus d’une chapelle (mais là encore la documentation est peu abondante).

Au final le texte est il une légende agrémentée par le conteur ou une création originale ? J’aurai tendance à pencher pour la seconde solution.


Plan :

Voici le plan pour vous rendre au château de Gombervaux. Si vous cherchez la source qui alimente les douves, prenez le chemin sur la gauche du bâtiment jusqu'au petit lavoir.


Légendes thématiquement proches :




Légendes géographiquement proches :



Iconographie :

?Anonyme : Femme de l'aristocratie portant le hennin?

OUDRY Jean-Baptiste : Le Fort Hu.

RYSBRACK Geerard : Chasse au loup.

Anonyme : La dame blanche.


samedi 3 mai 2008

La légende de la croix des mascarades

Croix des mascarades - Verneuil-Grand (55)


La légende :

Cette nuit là, les flocons de neige virevoltaient paresseusement sur fond d’hiver. Douze jeunes gens de Verneuil-Grand parcouraient gaiement le chemin enneigé joignant leur village à Verneuil-Petit. En ce jour de carnaval, tous arboraient un masque et le petit groupe fendait la nuit noire au milieu des champs. Une fois en haut de la côte, près du petit bois communal, ils se rassemblèrent. Quelle ne fut pas leur surprise d’être alors au nombre de seize. Ils revinrent en hâte à Verneuil-Grand où ils se retrouvèrent à nouveau douze. En souvenir de cet événement, une croix fut érigée. C’est la croix des mascarades.


Le chemin partant de Verneuil avec la croix en haut de la côte


La réalité :

Il est possible d’interpréter cette légende de différentes façons, mais la plus logique serait de voir dans les quatre personnages surnuméraires, des défunts se joignant aux vivants. Ce thème est repris dans de nombreuses légendes qui aiment à faire apparaître les morts parmi les vivants. Parfois il y a interaction, et parfois ils se contentent d’être là. Il existe d’ailleurs des légendes très similaires mettant en scène des apparitions.



La croix des mascarades : une histoire toute autre.

En haut du village de Verneuil-Grand se trouve la croix des mascarades. Dans son sens premier, une mascarade est une réunion de gens masqués ou déguisés. Le nom de la croix est donc en parfaitement en phase avec notre légende. La croix d’origine datant, à priori, du 17ème siècle n’est plus en place. Il semble que son socle d’origine soit par contre encore visible. D’après le service régional de l’inventaire sur le socle se trouvait un christ en croix haut de 72cm, aujourd’hui en dépôt chez un particulier.

Actuellement en lieu et place de la croix des mascarades se trouve une très grande représentation d’un christ en croix accompagné de la Vierge, de sainte Madeleine et de saint Jean.



Quand à son origine et celui de son nom, le service de l’inventaire du patrimoine nous donne une explication différente de la légende. Elle aurait été édifiée après le décès d’un jeune survenu au cours d’une rixe, un soir de carnaval. L’explication est crédible car parmi les nombreux calvaires de bord de route, certains commémorent des décès.


Le chemin du retour. Verneuil est dans le val.


Plan :

Voici le plan pour vous rendre à la croix des mascarades. Un fois dans le village de Verneuil-Grand, il suffit de prendre à pied, sur 300 mètres, le chemin qui part plein nord.


Légendes thématiquement proches :


Légendes géographiquement proches :


Bibliographie :

* Légendes Lorraines de Mémoire Celte. Roger Wadier. 2004. Pages 104-105. Un très bon ouvrage avec un commentaire pour chaque légende compilée.

* Base de données « Palissy ». http://www.culture.gouv.fr/culture/inventai/patrimoine/

* Verneuil-Grand sur le Quid. http://www.quid.fr/communes.html?mode=detail&id=21540&req=Verneuil-Grand&style=fiche