Chapelle d'Esch - Esch-sur-Sûre (Luxembourg)
Voici la légende telle qu’elle est présentée à Esch, sur le panneau d’information du circuit Sûr(e) Naturel.
La légende :
Le 10 août de l’année 1096, des chevaliers en armure montèrent jusqu’au château à cheval, entourés de leurs cavaliers. Ils se rassemblèrent dans la cour avant leur départ pour un long voyage.
Après des mois de préparation, les plus anciens et plus valeureux se disposèrent à parcourir l’Europe et l’Asie mineure dans le but de reconquérir les Terres Saintes et de les délivrer des griffes des infidèles. Le comte Henri d’Esch tenait son épouse, la comtesse Jeanne de Wiltz, dans ses bras lorsque cette dernière commença à sangloter fortement. Il se prosterna alors devant elle, prit sa tête entre ses mains, bu les larmes rouges qui perlaient sur les joues blanches de son aimée et lui dit : « Que cet anneau que tu m’as donné soit le signe de ta confiance et le symbole de mon amour pour toi. »
Près d’un an s’écoula sans qu’elle reçu de nouvelles. Le 14 juillet vers minuit, une servante appela la comtesse. Les deux femmes se rendirent à moitié endormies dans la chapelle éclairée et remplie de chevaliers armés. Tous portaient une croix blanche sur l’épaule et se tenaient autour d’un catafalque sur lequel reposait Henri d’Esch, enveloppé d’un drap blanc. Tandis que les chevaliers chantaient des nénies, un page tenait en main une coupe remplie d’huile, et cette huile laissait couler ses chaudes larmes sur une plaie béante, causée par une flèche au niveau de la poitrine du comte. La plaie ressemblait à un oeil crevé. Lorsque la comtesse voulu se précipiter sur le corps sans vie de son mari, celui-ci disparu en même temps que les chevaliers.
Jeanne resta seule dans la chapelle, devant la couche sur laquelle seule restait l’emprunte de la dépouille. Il ne subsistait qu’un unique pli sur le drap et un creux au niveau du coussin, sur lequel brillait l’anneau qu’elle avait donné à son époux. Elle posa sa tête chaude sur le cousin, à l’endroit du renfoncement. Une semaine plus tard, Raimond de Toul rapporta la mort du comte d’Esch. Cependant, Jeanne de Wiltz le savait déjà depuis cette nuit du 14 juillet. Chaque année, cette apparition mystérieuse se répète à la veille du 15 juillet. Une fois que les cloches sonnent les 12 coups de minuit, la chapelle retrouve à nouveau tout son calme.
Jeanne resta seule dans la chapelle, devant la couche sur laquelle seule restait l’emprunte de la dépouille. Il ne subsistait qu’un unique pli sur le drap et un creux au niveau du coussin, sur lequel brillait l’anneau qu’elle avait donné à son époux. Elle posa sa tête chaude sur le cousin, à l’endroit du renfoncement. Une semaine plus tard, Raimond de Toul rapporta la mort du comte d’Esch. Cependant, Jeanne de Wiltz le savait déjà depuis cette nuit du 14 juillet. Chaque année, cette apparition mystérieuse se répète à la veille du 15 juillet. Une fois que les cloches sonnent les 12 coups de minuit, la chapelle retrouve à nouveau tout son calme.
La réalité :
Le départ d’Henri d’Esch pour la première croisade.
C’est au cri de « Dieu le veut ! » que l’Europe chrétienne part en croisade en réponse à l’appel du pape Urbain II. Parmi eux se trouvent le fameux Godefroi de Bouillon, duc de Basse-Lotharingie (Basse-Lorraine). Dans son sillage, il emmène la première troupe de croisés régulièrement constituée, faite de nombreux seigneurs dont Henri d’Esch et son frère, Geoffroy d’Esch. Les « barons » et leurs troupes arrivent à Constantinople en décembre 1096.
Henri fit donc parti des premiers croisés qui gagnèrent la Terre Sainte. On le connaît également sous le nom d’Henri de Ascha ou de Ascha castello, voire de « Hache » dans les mauvaises traductions.
Henri au cours de la croisade.
Henri d’Esch s’est particulièrement illustré pendant la croisade et l’on dit que Godefroy de Bouillon l’appréciait grandement. Il fut notamment réputé pour sa ruse, comme il en fit par exemple preuve lors du siège de Nicée en 1097. Aidé du comte Hartmann, il fait construire une machine, nommée « renard », destinée à créer une sape dans les murs infranchissables de la ville de Nicée. Elle permettait d’abriter une vingtaine d’hommes pouvant détruire le mur, à l’abri des flèches et des pierres des assiégés. Mais ce que l’histoire oublie souvent de raconter, c’est que les défenseurs lancèrent une telle quantité de roches que, finalement, machine et hommes furent écrasés. Guillaume de Tyr rapporte à se sujet que la douleur fut grande suite à l’anéantissement de tant d’efforts et d’investissements financiers… et accessoirement pour les pertes humaines.
On sait qu’Henri participa également, avec son frère, au siège d’Antioche. Il avait la charge d’une des huit troupes qui avaient pour mission d’empêcher les Turcs d’entrer ou de sortir de la ville assiégée.
La mort du seigneur d’Esch.
La légende nous raconte qu’il apparaît à sa femme, mortellement blessé par une flèche dans la poitrine. La réalité est différente, puisque c’est la peste qui aura raison de lui, comme ce fut le cas pour beaucoup de ses compagnons d’arme. Il décédera en 1098 en Terre Sainte et sera enterré au château de Turbessel.
La légende a certainement voulu magnifier la mort de ce combattant qui ne pouvait que mourir les armes à la main. C’est donc avec une blessure béante, qu’il apparaît à sa femme.
Nous noterons l’épisode de la bague et des draps froissés qui servent à infirmer la possibilité d’un rêve.
Nous noterons l’épisode de la bague et des draps froissés qui servent à infirmer la possibilité d’un rêve.
La tardive chapelle du château d’Esch.
Sur les hauteurs d’Esch se dresse les ruines d’un château. Les premiers travaux débutèrent en 927 par la construction d’une tour carré, que l’on peut toujours voir, ainsi que par l’édification de bâtiments agricoles.
Exception faite des périodes de croisades, le château va grandir par l’ajout de bâtiments d’habitation et d’installations défensives. C’est en 1250 sera créée la chapelle, c'est-à-dire bien après l’époque où se déroule notre légende. Alors certes, cela ne veut pas dire qu’il n’existait pas une pièce du château qui ait pu servir de chapelle. Toutefois, si l’on considère qu’il n’existait pas de chapelle avant, la légende serait postérieure à cette date.
Exception faite des périodes de croisades, le château va grandir par l’ajout de bâtiments d’habitation et d’installations défensives. C’est en 1250 sera créée la chapelle, c'est-à-dire bien après l’époque où se déroule notre légende. Alors certes, cela ne veut pas dire qu’il n’existait pas une pièce du château qui ait pu servir de chapelle. Toutefois, si l’on considère qu’il n’existait pas de chapelle avant, la légende serait postérieure à cette date.
La chapelle est construite en « double », c'est-à-dire avec une chapelle supérieure et un crypte. La version actuelle est une restauration datant de 1906.
Le château à son apogée à une période postérieure à la légende
Plan :
Voici le plan pour vous rendre au château d'Esch sur Sûre. Une fois sur place, il suffit de lever la tête.
Légendes thématiquement proches :
Légendes géographiquement proches :
Bibliographie :
Panneau d’information du circuit des légendes. Sure Naturel.
Le circuit des légendes. Sure Naturel. Pages 59-67.
Histoire de la première croisade jusqu’à l’élection de Godefroi de Bouillon. Ferdinand Chaladon. DATE. Pages 112-113.
Première croisade. Wikipédia. http://fr.wikipedia.org/wiki/Premi%C3%A8re_croisade
Castle Esch-sur-Sûre http://www.castle-esch-sur-sure.lu
Les templiers et les croisades - La croisade des barons. http://www.templiers.net/croisades-michaud/
Histoire des croisades. Guillaume de Tyr. Livre III – Chapitre IV.
1 commentaire:
Merveilleuse cette narration de la mort de Henri d'ESCH.
Passionné de généalogie, je suis remonté à cette famille luxembourgeoise d'Esch-sur-Sûre qui fut la source de la famille de HERMALLE, très célèbre famille liégeoise.
Il y a bien trop peu de pages semblables sur le Web.
Félicitations sincères.
Marcel Evrard
http://evrard.webou.net/
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