dimanche 27 décembre 2009

La légende de l'épouse fidèle du Bernstein


Château de Bernstein - Dambach-la-ville (67)




La légende :


La légende raconte qu’au château de Bernstein, perché sur les hauteurs de Dambach, il est possible de voir, à la nuit tombée, un bien étrange attelage. Mais pour en comprendre la raison, il faut que je vous en conte la raison.

Vivaient dans ce château, outre les gens du castel, le seigneur de Bernstein et sa femme. Celui-ci était dans un tourment permanent car il s’était persuadé que son épouse ne lui était pas fidèle. Pour en avoir le cœur net, il mit au point un stratagème. Il fit mine de partir en voyage, mais se cacha dans la forêt pour revenir au pied de la forteresse à la faveur de la nuit. Pour essayer de surprendre sa femme, il dressa une échelle qu’il avait préparé sous la fenêtre de celle-ci et commença son ascension.


Le Bernstein vu de la cour du château


Mais les préparatifs ainsi que la montée firent tant de bruits, qu’ils réveillèrent l’épouse endormie. Celle-ci affolée de la perspective de l’attaque d’un brigand donna un grand coup d’épée à l’ombre qui apparut à la fenêtre. Le seigneur de Bernstein, alla s’écraser sans vie en contrebas des hauts murs.


Les fenêtres du logis seigneurial vu de l'intérieur


De désespoir, l’épouse ne tarda pas à suivre son mari dans la tombe. Depuis cette triste date, les deux époux passent encore et toujours, lors des nuits calmes, devant le théâtre de leur malheur. Et c’est suivi par une meute de chiens hurlants que leur carrosse de cristal parcours l’ancienne voie romaine.


Le château depuis l'ancienne voie romaine. Mais pas de traces de carrosse dans la neige.



La réalité :


Le Bernstein, une histoire d’ours ?

Nous sommes au château de Bernstein dont l’origine du nom aurait très certainement trait aux ours. Le nom ancien de Bärenstein (Bär : l’ours et Stein : la roche) correspondrait à celui de Rocher aux ours. Il faut rappeler qu’il fut une époque où les ours vivaient dans la région. D’ailleurs bien des légendes nous le rappellent, comme par exemple celle de Sainte Richarde, toute proche.
On voyait d’ailleurs sur la fenêtre principale du château, la gravure d’un ours. Malheureusement cette gravure fut détruite.

Une seconde hypothèse plus savante nous conte que le nom pourrait venir du nom du fondateur qui pourrait être Béron ou Boron qui vivait au 9ème siècle. Reste que la version du plantigrade est plus poétique.




Les fascinantes fenêtres du Bernstein.

Le premier élément que l’on remarque en approchant du château par les hauteurs c'est l'étonnante série de fenêtres. A priori on pencherait pour un ajout tardif, mais des historiens les estiment au environ du 9ème siècle, c'est-à-dire dans la période de construction supposée du plus gros de l’ouvrage. C’est l’utilisation du plein cintre qui trahit l’âge vénérable de ces baies pourtant en si bon état. Toutefois, d’autres sources nous indiquent que le château aurait pu être détruit et reconstruit au 12ème.


Les fenêtres du logis seigneurial (au fond ?) et les corbeaux permettant de poser les poutres de l'étage.


Ces ouvertures correspondent au corps de logis seigneurial, adossé au donjon pentagonal. On en voit de deux sortes, dont des grandes du coté de l'entrée. Il s’agit donc des fenêtres de notre légende. Et à les regarder il aurait été tout à fait possible d’y accéder via une échelle. C’est d’ailleurs ce qui peut surprendre pour un château ayant connu différents sièges.
En contrebas de ces fenêtres se trouve un dénivelé rocheux qui vient provient certainement de l’extraction des pierres qui servirent à ériger le castel.


Quelqu'un voit-il des restes du seigneur sur les rochers ?


Un début de légende qui pourrait être vrai…

Je ne parle bien sûr là que de la première partie du récit. Nous sommes encore confronté à une légende qui pourrait être en fait une histoire vraie. Si je n’ai pas réussi à trouver dans les chroniques, de trace du fait, cela ne veut pas dire qu’il ne se soit pas déroulé.

Toutefois, la mort de la veuve me fait pencher vers le coté légendaire ou au moins vers une« histoire romancée ». Elle est vraiment dans l’esprit des romans de chevalerie ou dans celui du, beaucoup plus tardif, romantisme.
De plus le stratagème du seigneur fait doucement sourire. Surtout qu’il existe une poterne du coté nord, qui aurait permis de rentrer dans le château avec une relative discrétion.
Si vous voulez connaître la liste des différents seigneurs de ce château, je vous renvoie à la bibliographie où vous trouverez des listes plus ou moins exhaustives.




Mais on ne pourra à priori jamais savoir ce qu’il en ait vraiment. Sans compter que l’histoire pourrait découler par exemple de l’un des sièges que connut la forteresse aux grandes fenêtres. Quoi qu’il en soit, la postérité a définitivement classé l’histoire dans la catégorie des légendes.


… mais une fin fantastique.

La fin, elle, ne laisse aucun doute sur l’aspect légendaire. Nous remarquerons que non seulement le mari est puni pour son acte, mais que la dame du château également. La légende se termine à la manière d’une « chasse fantastique », dont le thème est très populaire et que nous avons déjà vu (et que nous reverrons encore). Le couple est condamné a passer et repasser encore sur les lieux de leur péché. La meute de chien ne laisse pas de doute sur la notion de chasse fantastique alors que l’on aurait pu attendre plutôt une histoire de dame blanche. S’agit-il d’une modification de la légende d’origine ou de la confusion avec une seconde ?





Plan :

Voici le plan pour vous rendre au château de Bernstein. Vous pouvez partir de Dammach-la-ville (attention, il existe un autre Dambach) et grimper en passant par la chapelle Saint Sébastien. Mais si vous avez le temps, je vous conseille de faire le tour de la montagne pour admirer les châteaux de Ramstein et de l’Ortenbourg.


Légendes thématiquement proches :




Légendes géographiquement proches :




Bibliographie :


Légendes d’Alsace. Gabriel Gravier. Tome III. Pages 118-119.

Notice sur le Château de Bernstein. Felix de Dartein. Bulletin de la Société pour la conservation des monuments historiques d’Alsace. 1857. Pages 29-42

Kastel Elsass : Bernstein : http://kastel.elsass.free.fr/chateaux/bernstein.htm

Château du Berstein. Wikipédia. http://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_du_Bernstein

dimanche 20 décembre 2009

Exposition « Graoully. Histoire d’un monstre urbain »

Musée de la cour d'or - Metz (57)



Dans le cadre de ses expositions temporaires, le musée de la Cour d’or de Metz organise un parcours autour du monstre emblématique de la ville : le Graoully.


Cliquez sur l'affiche de l'exposition pour visiter la page conçue par le musée.


Je consacrerai un article à cette légende emblématique de la cité messine d’ici quelques temps. Sachez juste que le Graoully est un ajout tardif à la légende de Saint-Clément, premier évêque de la ville. Dans cette version, le saint enserre le dragon malfaisant dans son étole pour aller le noyer dans la Seille, une des deux rivières de la ville. Dans sa mouture primitive, il était juste question de serpents, mais comme vous le savez, tout augmente…


Ne pas oublier de sortir le Graoully de temps en temps


Vous pourrez aller frémir devant le Graoully du 9 décembre 2009 au 8 Mars 2010 et assister à différents événements autour de l’exposition durant cette période. Au nombre des animations on compte bien sûr une visite guidée par le commissaire de l’exposition, mais aussi un concert, un spectacle et des contes, une conférence, ou encore des séances de pliage. Le programme complet est bien sûr disponible sur le site du musée.
Attention, la plupart des animations nécessitent une réservation préalable.

Pour l’occasion, le musée a ressorti ses trésors et s’est fait prêter peintures, estampes, sculptures, objets, etc. N’ayant pas encore eu le temps d’y faire un tour, je n’en sais pas beaucoup plus pour l’instant.

A priori, un petit guide est prévu pour le visiteur, présentant la légende, la genèse et le rayonnement du Graoully. Et le rayonnement dure encore, puisque le monstre de légende est un des symboles vivaces de la ville.


Un exemple d'utilisation actuelle : le Graoully est l'emblème de l'équipe de football de Metz.


Évidemment, il faudra en profiter pour visiter ce très très beau musée, dont l'exploration est un véritable voyage dans le temps.


Edition du 07/02/10 : J'ai enfin pris le temps de parcourir l'exposition au musée de la cour d'or. La manifestation se trouve dans la pièce destinée aux expositions temporaires. Il faudra compter environ 30 minutes pour en faire le tour complet. C'est agréable sans être sensationnel. J'aurai apprécié voir le Graoully de la cathédrale ou voir un peu plus d'œuvre.
L'exposition est à voir pour profiter du superbe musée... mais de là à ne venir que pour ça...