Cathédrale Saint-Etienne - Metz (57)
Le texte ci-dessous est la copie de la version écrite par Emile Auguste Bénin dans son « Histoire et description pittoresque de la cathédrale de Metz […] » en 1840. Suivant mon habitude, et afin de dénaturer le moins possible les légendes, je ne réécris pas les textes quand j’ai la chance d’en trouver d’anciennes versions. L’auteur nous confit la tenir du Baron d’Huart. J’ai choisi cette version parmi d’autres pour la simplicité de son écriture et sa fidélité aux thèmes de la légende. Vous trouverez d’autres versions anciennes dans la bibliographie.
La légende :
Certain jour, l’artiste messin profondément absorbé, traçait sur le sable les principaux motifs d’architecture d’après lesquels devait être érigée notre cathédrale, et sa main impatiente effaçait, corrigeait des lignes dont l’ensemble ne pouvait le satisfaire. Un petit homme apparaît tout à coup, et, d’un air capable, d’un ton sardonique, lui reproche son hésitation, en ajoutant que rien n’était plus facile. Perrat piqué au vif, invite l’inconnu à le remplacer, puisqu’il a tant d’habilité. Ce dernier le prend au mot, et dessine en quelques traits un plan admirable qu’il efface aussitôt. Perrat demeure stupéfait, puis le supplie, le conjure de l’aider.
- Volontiers, dit le petit homme, mais à une condition.
- J’y souscris d’avance, sans la connaître.
- C’est qu’une fois en terre, ton âme et ton corps m’appartiendront.
- Et bien ! Souhaite.
Aussitôt l’inconnu tire un parchemin de sa veste, et le présente à Perrat qui le signe. Depuis lors, l’architecte n’éprouva plus d’obstacles ; toutes les difficultés s’évanouirent devant son génie ; il fut proclamé le maître des maîtres. Enfin, l’heure de sa mort arriva. On recueillit précieusement les cendres d’un homme qui avait jeté tant d’éclat ; on les mit dans un tombeau de plomb revêtu d’un coffre de chêne, et le tout fut encastré près de la sacristie.
Mais à peine l’inhumation était-elle terminée, qu’un noble étranger, d’une taille svelte, d’une contenance fière et hardie, se présente et demande le corps de Perrat. Un chevalier radieux, couvert d’armes magnifiques, veillait alors près de l’illustre défunt. La réclamation de l’étranger ne l’étonna point, car il s’y attendait. Rien de plus juste, répondit Saint Michel, après avoir lu le parchemin signé de la main même de Perrat. Vous avez, messire, des droits incontestables ; mais il faut, pour les faire valoir, que Perrat soit enterré. Or, son testament porte expressément qu’on le déposera dans un tombeau scellé comme vous le voyez. A ces mots, les traits de l’étranger se contractent, un frémissement involontaire l’agite ; furieux, il déchire le parchemin, et disparaît en exhalant une odeur de soufre qui ne laissa aucun doute sur la nature du personnage.
Les variantes :
Cette légende messine très populaire connaît de nombreuses reprises mais finalement assez peu de variations sur les points importants. La principale variation du thème porte sur l’homme recevant le diable lorsque celui-ci vient chercher son dut. Dans notre version l’auteur nous indique qu’il s’agit de Saint Michel mais dans une autre de la même époque l’identité du chevalier n’est pas précisée. Dans d’autres versions c’est un sacristain qui accueille le diable, et qui pousse même le vice jusqu’à tendre de l’eau bénite au Diable. Le Malin quittera la cathédrale en claquant la porte si fort que la Mutte, la grande cloche de l’édifice sonnera plusieurs fois.
Les autres variantes ne sont que d’infimes variations de cette légende qui semble extrêmement bien conservée.
Les autres variantes ne sont que d’infimes variations de cette légende qui semble extrêmement bien conservée.
La réalité :
Pierre Perrat, le grand architecte messin.
C’est le 14ème qui verra se dresser les constructions de Pierre Perrat sur une région durement touchée par un tremblement de terre suivi d’une tempête. A Metz, beaucoup est à reconstruire, et c’est une occasion inespérée pour l’architecte d’exprimer son génie. La cité messine lui doit sa cathédrale telle que nous la connaissons, mais aussi plusieurs églises, des manoirs et autres habitations bourgeoises. Mais il est aussi à l’origine des cathédrales de Toul et de Verdun et il fut également un chef d’école qui inspira de nombreux disciples renommés. Pierre Perrat est donc un homme au talent immense, aux réalisations nombreuses et à l’influence très importante. Beaucoup trop de qualités aux yeux de la population pour être complètement insoupçonnable de l’absence de secret. Et si un pacte avec le diable n’avait il pas été passé ?
Perrat jeta les grandes lignes de la cathédrale Saint-Etienne de Metz et ce furent ses disciples qui terminèrent l’édifice après sa mort en suivant les plans du Maître. Son génie fut de réussir le tour de force de réunir sous une grande nef un ensemble disparate de structures préexistantes. Une autre campagne de construction au 15ème et 16ème modifieront toutefois par la suite la structure de la cathédrale.
Le tombeau de Pierre Perrat.
L’architecte de la cathédrale eut comme dernière demeure son œuvre la plus grandiose. Il fut d’ailleurs autorisé à y prendre place à sa mort dès 1386. On la trouvait près de la sacristie. C’est Thierry de Sierck, un de ses élèves, qui réalisera son tombeau.
On le voyait sur le monument, Pierre Perrat à genoux sur une console tenue par un vieillard à gauche d’une chapelle consacrée à la Vierge. Il faut parler au passé car la Révolution passa par là et le tombeau, comme d’autres éléments de la cathédrale, fut détruit.
Le personnage au dessus et en dessous de la chapelle était l’évêque Théodoric III. Sous la chapelle se trouvait l’épitaphe de Perrat rappelant la date de sa mort en 1400 ainsi qu’une partie de ses réalisations.
Le personnage au dessus et en dessous de la chapelle était l’évêque Théodoric III. Sous la chapelle se trouvait l’épitaphe de Perrat rappelant la date de sa mort en 1400 ainsi qu’une partie de ses réalisations.
Aujourd’hui on retrouve une épitaphe mais différente de celle d’origine ainsi qu’une chapelle dédiée à la Vierge, elle aussi différente.
Le diable édificateur de la cathédrale de Metz.
Voir le diable à l’origine d’une construction est un fait coutumier, tout comme d’ailleurs le voir construire des édifices religieux. Nous avons vu d’autres cas et nous en verrons bien d’autres comme par exemple la magnifique basilique d’Avioth. Mais si la légende affirme que grâce à l’intervention du Diable, Perrat n’eut aucuns soucis pour bâtir Saint-Etienne, la réalité est un peu autre. Le chantier avance effectivement par saccade selon l’afflux d’argent, nécessitant des pauses quand les caisses sont vides. Mais cela est le lot de toute cathédrale. Il faut noter que Metz s’est lancé avec succès dans la course aux sommets pour devenir le 3ème monument par sa hauteur lors de son édification, ce qui en fait un monument impressionnant.
La légende évoque le diable et en profite pour faire paraître un de ses adversaires les plus efficace en la figure de Saint-Michel en armes. La confrontation est classique et on la retrouve dans de nombreuses légendes dont bien sûr celle du mont du même nom. Nous aurons l’occasion d’en reparler plus en détail à ce moment.
Et ainsi finalement le Diable est mis en déroute… comme toujours… Pauvre Diable…
Et ainsi finalement le Diable est mis en déroute… comme toujours… Pauvre Diable…
Plan :
Voici le plan pour vous rendre à la cathédrale de Metz. Une fois dans la cathédrale, dirigez vous vers le fond par la gauche. L'épitaphe se trouve un peu avant les escaliers.
Légendes thématiquement proches :
Légendes géographiquement proches :
Bibliographie :
Histoire et description pittoresque de la cathédrale de Metz, des églises adjacentes et collégiales. Emile Auguste Bégin. 1840. Ouvrage dont j’ai tiré le texte de la légende. http://books.google.fr/books?id=FLcTAAAAQAAJ&printsec=frontcover&client=firefox-a&source=gbs_v2_summary_r&cad=0#v=onepage&q=&f=false
Pierre Perrat. Mémoires de l’Académie nationale de Metz, Volume 23. Emile Auguste Bénin. 1843. Pages 381-385. http://books.google.fr/books?id=as47AAAAMAAJ&pg=PA382&dq=l%C3%A9gende+pierre+perrat&as_brr=3&client=firefox-a#v=onepage&q=&f=false
La Lorraine des Légendes. Roger Maudhuy. Pages 337-340.
Légende Lorraines de Mémoire Celte. Roger Wadier. Pages 133-134.
La Lorraine de l’étrange. Jean-Paul Ronecker. Page 161.
Cathédrale Saint-Etienne de Metz. Wikipédia. http://fr.wikipedia.org/wiki/Cath%C3%A9drale_Saint-%C3%89tienne_de_Metz
5 commentaires:
Pierre Perrat a oeuvré aussi à la cathédrale de Toul.
Oui, de Toul et aussi de Verdun. Un homme si prolixe, devait être bien suspect.
Il faut savoir quand même qu'il était interdit d'être incinéré, les cendres de Pierre Perrat n'a donc pas pu être réduit en cendres.
Par ailleurs, l'emplacement de son tombeau a été largement revu depuis de qu'a écrit Emile-Auguste BeGin, et non Benin. Cet auteur a d'ailleurs écrit de nombreuses choses fautes.
Une légende similaire existe au sujet de l'artiste ayant façonné les ferronneries de Notre Dame de Paris. Celui-ci n'ayant pas réussi, en revanche, à sauver son âme...
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