En préambule de ce texte je tiens à vous signaler, comme je l'ai déjà fait pour une autre histoire, plusieurs points. Le premier est que le texte est relativement long par rapport à d'habitude. Le second est que ce texte n'est pas une vraie légende, même si elle a pu être présentée comme telle par son auteur. Le troisième point est que j'ai gardé le texte original du fait du second point. Le texte fut écrit par Prosper Baur qui le publia à la fin du 19ème dans le recueil « Souvenirs et Légendes d’Alsace ». Ce livre a d’ailleurs été réédité récemment.
La légende :
Par une belle soirée de printemps, le bailli Ledermann était assis dans son jardin, humant l’air embaumé des fleurs et tirant de larges bouffées de sa longue pipe en porcelaine. Il avait bien soupé, un air de béatitude se reflétait sur sa face rubiconde et contrastait avec la mine piteuse et renfrognée de son secrétaire intime, Herr Hosenpeitel, qui, debout devant lui, attendait ses ordres au sujet d’un pauvre diable de bohémien qu’on avait arrêté dans la journée en flagrant délit de vol d’une paire de poulets. « Qu’on le pende. » Telle avait été sa réponse péremptoire, aussitôt qu’il avait connu le cas. Notre homme, en effet, ne se souciait pas d’être dérangé plus longtemps pour un misérable de cette espèce. Cependant le secrétaire ne bougeait pas.
La mairie de Düttlenheim, le village de la légende
« Et bien, drôle ! reprit le bailli, dont la figure commençait à s’assombrir, qu’attends-tu ? Que ne vas-tu exécuter ma sentence ? Tu es donc juré de troubler éternellement ma sieste ?
- C’est que, objecta timidement le secrétaire, j’ai une demande à vous faire. Le bohémien que vous venez de condamner désire vous parler ; il affirme que votre intérêt est en jeu, et que vous n’aurez pas à regretter de l’avoir entendu.
- Qu’on l’amène, et souviens-toi, Hosenpeitel, que si tu m’as dérangé en vain, tes épaules te cuiront.
Martin Bâton était effectivement un des arguments dont se servait cet excellent bailli à l’égard de ses subalternes. Un instant après le bohémien est amené.
- Seigneur, dit-il en se prosternant devant son juge, vous m’avez condamné à être pendu ; mon méfait cependant n’est pas grave. Quand on a faim, on ne raisonne pas. J’avoue que la vie que je mène n’a rien d’attrayant. Repoussé de toutes parts, moi et les miens, nous voyageons sans cesse, comme le Juif errant, allant de bourgade en bourgade, disant la bonne aventure en échange d’un morceau de pain ou d’une pièce de monnaie. Malgré toutes ces misères, j’ai le tort de tenir à la vie, et si vous voulez bien m’accorder la liberté, je vous offrirai en échange un talisman d’une grande valeur.
A ces mots, Ledermann dressa l’oreille. Comme toutes personnes de son époque, il était superstitieux et avait une foi aveugle dans le surnaturel.
Un talisman ! Quelle aubaine ! Et c’est un malheureux qu’il allait faire pendre qui venait satisfaire le plus ardent de ses désirs. Mais si c’était une ruse !
- Alors que ne t’en sers-tu toi-même ?
Parce que, seigneur, je ne sais pas lire ; le mot à prononcer étant indispensable pour que le charme opère, je n’ai jamais pu le déchiffrer sur le petit parchemin où il est inscrit.
Le bailli était désarmé. En un instant le marché fut conclu. Le pauvre diable était libre d’aller se faire pendre ailleurs en échange de sa poudre et de son parchemin.
- Je vous ferai observer, dit-il en s’en allant, que notre grand-chef, de qui je tiens ce talisman, m’a souvent répété qu’il ne fallait pas oublié de reprononcer le mot magique quand on désirait faire cesser le charme et qu’on devait surtout se garder de rire pendant la transformation, sinon on risquait fort de rester toujours ce qu’on avait désiré qu’un instant.
Aussitôt après le départ du bohémien, notre magistrat et son secrétaire allèrent s’enfermer dans la bibliothèque du bailliage, afin de découvrir le fameux mot. Après bien des tâtonnements et des recherches dans de vieux manuscrits, ils finirent, en comparant les caractères, par lire ce mot en latin : Mutabor. Ce qui signifiait : Que je sois transformé. Séance tenante, le bailli qui ne possédait plus de joie, voulut voir opérer le charme. Seulement c’était sur son fidèle serviteur qu’il voulait commencer l’expérience. Lui faire prendre la poudre en lui priant de demander à être changé en perroquet, après avoir crié : Mutabor, tout cela fut l’affaire d’un instant ; et, à sa grande satisfaction, le talisman produisit son effet. Plus de secrétaire, mais un magnifique perroquet vert et rouge qui vint se percher familièrement sur son épaule en babillant et en l’appelant « vieux fripon ». Lerdemann était heureux : le bohémien ne l’avait pas trompé. Après que le mot magique eut été prononcé à nouveau, le perroquet disparut, et Hosenpeitel se retrouva à ses cotés.
Düttlenheim
Ils étaient désormais liés l’un à l’autre par ce secret. Leur étonnement une fois calmé, ils se jurèrent réciproquement de ne révéler à âme qui vive ce qui venait de se passer et s’entendirent pour aller, dès le lendemain, faire un tour à la campagne, afin de mettre le talisman à contribution.
- Comme il est tard, dit le bailli, allons nous coucher ; demain nous visiterons ensemble les forêts, les plaines et les rivières ; et nous saurons ce qui se dit parmi les animaux.
A peine le soleil commençait-il à dorer l’horizon que déjà nos deux compères étaient en route. Ils marchèrent bien longtemps sans rencontrer aucun être vivant. Enfin, ils arrivèrent à un étang sur les bords duquel ils aperçurent une cigogne. La cigogne longeait la rive du haut en bas en happant par-ci par-là une grenouille et faisant claquer son bec.
En même temps ils virent dans les airs une autre cigogne qui claquetait également et se dirigeait à tire-d’aile vers l’endroit où se trouvait la première.
- Je parie cent pistoles, dit le secrétaire que ces deux échassiers tiennent ensemble, à distance, une conversation qui doit être des plus intéressantes. Si nous étions cigognes, nous comprendrions et se serait curieux.
- Bien dit, riposta le bailli ; mais auparavant, je te recommande sérieusement de ne pas oublier le mot que nous avons à prononcer quand nous voudrons redevenir hommes, et pour l’amour de Dieu garde-toi de rire.
Pendant qu’ils causaient ainsi, la cigogne qui planait au-dessus de leur tête s’était lentement laissée descendre à terre. En même temps le bailli sortit de sa poche la boite à poudre, aspira une bonne prise, en offrit une à son secrétaire et tous deux se mirent à crier à l’unisson : Mutabor. Soudain, voila leurs jambes qui s’étirent et s’amincissent, leur vêtements disparaissent, leurs bras deviennent des ailes, le cou sort des épaules et s’allonge d’une aune, le nez devient un long bec et leur corps se couvre de plumes.
Image tirée de Hauff's Fairy Tales traduit par Cicely McDonnell
- Vous avez un bien joli bec, dit le secrétaire en se tournant vers son compagnon après une longue pause de stupéfaction. Ma parole, je n’ai jamais rien vu de pareil de ma vie. Votre seigneurie a encore meilleure tournure sous la forme d’une cigogne que sous celle d’un bailli. Si vous le permettez, allons à présent nous mêler à nos camarades et écoutons leur bavardage, pour voir si nous comprenons le langage cigognais.
Arrivés près des deux cigognes, ils ne furent pas médiocrement étonnés d’entendre et de comprendre la conversation suivant :
- Bonjour, madame la Longue-Jambe, disait la dernière venue ; comme vous êtes matinale aujourd’hui.
- Hélas, ma chère tête d’acier, répondit l’autre, j’ai passé une bien mauvaise nuit ! Tous mes enfants sont souffrants et, histoire de me distraire un peu, je viens leur chercher un déjeuner frugal. Si cela peut vous être agréable, je vous offrirai un quartier de serpent ou une cuisse de grenouille.
- Mille mercis, aujourd’hui je n’ai aucun appétit ; je viens à la prairie pour une tout autre raison. Je dois danser demain devant les hôtes de mon père et j’ai l’intention de m’exercer et d’étudier mes pas dans cette solitude.
A ces mots, la jeune cigogne se mit à courir à travers champs en sautillant et en prenant les poses les plus comiques, tantôt sur un jambe, tantôt battant des ailes, tantôt renversant son bec sur son dos.
Lerdermann et Hosenpeitel, qui suivaient d’un regard attentif tous les exercices de cette jeune ballerine, ne purent conserver leur sérieux, un éclat de rire strident et ininterrompu sortit de leur bec.
Le bailli fut le premier à reprendre son sérieux.
-Voila une drôle d’histoire, dit-il, qu’on ne payerait pas avec de l’or. Quel dommage que notre hilarité ait effrayé ces deux sottes bêtes et les ait fait s’envoler, sans quoi certainement elle se seraient aussi misent à chanter. Mais qu’as-tu donc, Hosenpeitel ? Pourquoi cet air soucieux ?
Le secrétaire venait de se souvenir qu’il leur était défendu de rire pendant la transformation.
Il communiqua ses appréhensions à son maître.
- Par ma part de paradis, ce serait une bien mauvaise farce si nous devions rester cigogne. Tachez donc de vous rappeler le mot stupide qui doit nous rendre notre forme primitive, je ne puis plus arriver à la sortir de mon bec ; je sais qu’il commence par – Mu – mais le reste ne me revient pas.
-Mu –Mu –Mu, se mirent-ils à crier en choeur en agitant leurs ailes et leur bec; mais ce fut tout ce qu’ils purent trouver.
Ils étaient décidément voués à l’état d’échassiers permanents ? Affreuse perspective. Ils ne riaient plus. Tristes et pensifs, ils se promenèrent quelques temps à travers leur campagne, ne sachant que devenir ; puis prenant leur vol, ils se décidèrent à regagner la ville. Ils espéraient trouver, au milieu de leurs anciens concitoyens, un remède à leur malheur.
Planant quelque temps au-dessus des maisons pour s’orienter, ils n’eurent pas de mal à reconnaître la maison du bailliage.
Enfin, les voila postés tous deux sur une des cheminées. Du haut de cet observatoire, ils dominaient tous les alentours et plongeaient leurs regards mornes sur la place publique, où ils voyaient régner une agitation extraordinaire.
Une cigogne postée sur la cheminée de la mairie
Toute la population était accourue à la nouvelle de la disparition du bailli et de son secrétaire. Chacun commentait cet événement à sa façon. On avait retrouvé leurs vêtements sur les bords d’un étang. Bien certainement ils s’étaient noyés. Pendant un instant, ce fut un brouhaha général.
Tous discutaient à la fois : un certain nombre parlaient déjà de nommer un nouveau bailli. Tout à coup nos deux échassiers, qui suivaient attentivement ce va-et-vient, reconnurent dans la foule, le bohémien de la veille, celui qui leur avait donné le talisman. Lui aussi venait, tout heureux de sa liberté, se mêler aux badauds. Il n’avait pas été peu surpris d’apprendre la mort de maître Ledermann et de son secrétaire, et, mieux que personne, il aurait pu expliquer ce mystère.
- Ils auront ri, pendant la transformation, se disait-il in petto, et probablement ne reparaîtrons jamais.
Pendant qu’il allait insouciamment d’un groupe à l’autre, les deux volatiles prenaient une grave résolution.
- Voila dit Hosenpeitel, notre coquin de bohémien qui jouit de notre malheur ; si nous nous vengions du tour qu’il nous a joué.
- Je le veux bien répondit Ledermann, car notre position comme cigognes est désormais chose assurée. Il nous reste un toit pour demeure, une cheminée pour lit et deux yeux pour pleurer. Fais bien attention, je vais compter jusqu’à trois avec mon bec ; au coup de trois, nous nous précipitons sur ce maudit bohémien et nous l’éborgnerons. Allons tiens toi prêt. Un, deux, trois.
Sur une des façades du village
Et voila nos deux bêtes qui s’élancent d’un trait sur leur mystificateur. Malheureusement elles avaient compté sans son artifice. Le bohémien, qui était quelque peu sorcier, voyant de loin les deux oiseaux qui venaient sur lui, prononça une parole cabalistique qui fit tomber toute leur fureur : leur colère fit place à de l’hébétement, et c’est en claquant du bec qu’ils vinrent tout doucement sur ses épaules. La foule stupéfaite cria au miracle. Le bohémien fut entouré et porté en triomphe. On le promena par toute la ville, et à l’unanimité, on le nomma par acclamation bailli, comme s’il avait été désigné pour ce poste par un avertissement venu d’en haut.
Il exerça les fonctions de bailli pendant le restant de ses jours ; il se maria et vécut heureux et respecté, car tout bohémien qu’il était, il ne fut pas plus mauvais bailli que ceux qui l’avaient précédé et qui le suivirent.
Pendant bien des années, deux cigognes venaient à chaque printemps nicher tristement sur la maison du bailliage : c’était Ledermann et Hosenpeitel. Contrairement aux autres couples, ils n’avaient point de petits et vivaient isolé de leurs congénères, comme deux parias.
Deux cigognes - Jean-Haffen Yvonne
Voila pourquoi, encore de nos jours la vile de Düttlenheim porte dans ses armes deux têtes de cigognes entrecroisées sur champs d’azur.
Cette histoire consignée dans les archives de la ville, a été l’objet des recherches de nombreux savants, qui sous les apparences surnaturelles d’un conte, devinaient une page de l’histoire du pays.
Les variantes de la version alsacienne :
Je n’ai pas trouver d’autres versions écrites de cette histoire avec les sources que j’ai à ma disposition, mais j’ai souvenir d’avoir entendu cette histoire au cours de mon enfance. Dans la version dont je me souviens (avec peut-être des failles) il existe trois différences.
Tout d’abord le bailli et le secrétaire se mettent à rire en se voyant l’un l’autre en cigogne. Ensuite le vil et gros bailli devient une grosse cigogne, alors que pauvre secrétaire devient une cigogne rachitique. Ceci à son importance car le secrétaire est accueilli avec plaisir sur les toits des maisons alors que le gros bailli est chassé. J’ai d’ailleurs«également le souvenir que l’histoire se déroulait en hiver car les deux cigognes étaient frigorifiées d’où la nécessité de trouver une cheminée.
Le dernière divergence entre mes souvenirs et la version de Prosper Baur et que je n’ai pas souvenir qu’elle est était localisée. Il s’agissait donc d’un conte alors que là l’histoire nous est racontée comme une légende.
Peut-être connaissez vous une variante beaucoup plus importante ? C’est ce que nous verrons plus loin, mais occupons pour l’instant de la version alsacienne.
La réalité :
Le blason de Düttlenheim :
Le site de la mairie de Düttlenheim nous apporte quelques pistes sur l’origine du blason de la ville. La première surprise c’est l’existence de deux blasons. Le premier, celui qui n’est pas officiel, représente un binocle. On trouve ce blason sur le fronton de la mairie et sur des bornes de limite de ban. L’origine de ce blason ne semble pas vraiment déterminée. Mais pour l’instant on est loin de nos cigognes.
La seconde surprise c’est le second blason de la ville qui est un peu chargé. Et là voici une trace de la cigogne, mais pas exactement comme nous la décrit la légende. Selon Prosper Baur le blason serait orné de deux cigognes entrecroisées sur champ d’azur, c'est-à-dire sur fond bleu. En fait un des quartiers représente une cigogne en marche sur jaune (il faut dire d’or à la cigogne au naturel). Mais voyons en détail ce blason.Les armoiries de la ville sont découpées en quatre parties. On parle de quartiers.
En haut à gauche se trouve un buste de femme sans bras sur fond azur. Le site du village nous propose deux interprétations. La première correspond au nom du village... Le terme « Dettle » correspond à la traduction du terme « les seins » (je n’ai pas pu vérifier) mais également au nom alsacien du village. La seconde correspond à une déformation du buste de Maure présente sur les armes des Landsberg. Je préfère cette seconde solution car la similitude est importante.
En bas à gauche, on trouve les armoiries de la famille d’Andlau, d’or à la croix de gueules (rouge sur fond jaune en français).
En bas à droite, d’azur à la montagne de six coupeau d’or coupé d’argent (avec des kinder surprises sur fond bleu ^^) correspond aux armoiries de la famille Landsberg.
Enfin, le quartier qui nous intéresse le plus, d’or à la cigogne au naturel est l’armoirie des Reich de Platz. L’origine légendaire s’éloigne donc de nous. Tout d’abord parce que le quartier est d’or et non d’azur, ensuite parce qu’il n’y a qu’une seule cigogne. Sur le blason de la famille Reich de Platz d’où provient le quartier, celui-ci est répété deux fois, on à donc bien deux cigognes mais en aucun cas des têtes de cigognes entrelacées.
Le blason de la ville sur une vitre de la mairie
Conte ou légende ?
Et bien assurément conte. Tout d’abord, nous avons vu que l’histoire ne colle que très peu avec ce qu’est finalement le blason de Düttlenheim, et surtout parce que le texte de la « légende » est en fait une adaptation d’un texte d’un auteur très connu dans l’univers du conte. Il s’agit de Wilhelm Hauff, écrivain allemand ayant vécu de 1802 à 1827. Il est à l’origine, sur une très courte période, de nombres de nouvelles mais surtout de contes, dont « Die Geschichte vom Kalif Storch » à savoir l’histoire du Calife-cigogne. Ce conte est relativement populaire. Pour preuve, ce studio de design du nom de Mutabor, dont voici la jaquette d’un de ses ouvrages.
La couverture d'un ouvrage du studio Mutabor
Nous avons donc un auteur allemand, qui écrit un conte en 1825 et qui sera reprit quelques dizaines d’années plus tard, par Prosper Baur qui compile des souvenirs et des légendes d’Alsace. Evidemment à cette époque la transmission entre l’Allemagne et l’Alsace se fait bien puisque l’Alsace a quitté le giron français depuis la guerre de 1970. Reste un élément qui ne pourra être déterminé. Comment de ce conte on fit une légende. Fut-ce fait artificiellement par Baur ou par un autre ? Y a-t-il eut un passage par la voie de la transmission orale ? Impossible de le dire. Pour plus d’information sur Wilhelm Hauff je vous renvoie à Wikipédia. Et pour une version intégrale du conte originel je vous renvoie ici http://digital.library.upenn.edu/women/mcdonnell/hauff/hauff.html ou ici http://www.planetalivres.info/77746E6D6C3130/ch27.html
Wilhelm Hauff
J’aurai tendance tout de même à privilégier la première hypothèse, à savoir une adaptation libre de la main de Baur, car on retrouve une traduction à la lettre de certaines phrases ou expressions qui laisse peu de place au vecteur oral qui aurait conduit à plus de déformations. Nous allons voir que tout de même il y eut beaucoup de changements profonds entre les deux versions. Je vais vous résumer très brièvement l’histoire, donc si vous souhaiter lire le conte original,arrêtez vous ici.
Le conte de Hauff en quelques lignes :
Nous sommes à Bagdad. Le calife et le grand vizir par la grâce d’un marchand trouve une petite boite mystérieuse avec dedans une poudre et un mot illisible. Après l’avoir fait traduire, ils découvrent comme dans notre version, qu’en inspirant la poudre et en prononçant le mot « Mutabor » ils se transformeront en l’animal de leur choix. Pour redevenir humain, il y a une petite variante, car en plus de devoir prononcer le mot magique, ils devront se courber trois fois vers l’est, orientalisme oblige. Evidemment, interdiction formelle de rire. Les deux hommes vont bien sûr tenter l’expérience et les voila comme dans la version de Baur en train de regarder les deux cigognes et malheureusement ils se mettent à rire de la danse improvisée. Il ne leur reste plus qu’à errer tristement. Jusque là, à part quelques détails, les histoires sont identiques. Mais il s’agit là uniquement de l’introduction du conte de Hauff.
La calife et le vizir de la version originale s'apprêtant à la transformation
Les deux oiseaux, en regardant sur la place de la ville voient le fils du pire ennemi du Calife prendre place dans le palais. De dépit, ils quittent la ville. Ils arrivent à un château visiblement abandonné et dans un état sinistre. Ils y rentrent tout de même, et trouveront un hibou qui les accueille en arabe. Passée la surprise, le hibou explique aux deux cigognes, qu’elle est une princesse qu’un terrible magicien, le fameux ennemi du calife, à transformer pour ne pas avoir voulu se marier à son fils. En échange de la promesse d’un mariage, seul contre-sortilège possible à son malheur, le princesse-hibou explique que tous les mois le magicien et ses hommes se réunissent dans une pièce de ce château. Les trois volatiles vont alors espionner la réunion et entendront le mot que le rire leur avait fait oublier. Il n’y a donc plus qu’à le dire pour que les deux hommes retrouvent leur forme humaine et qu’ils voient apparaître une superbe princesse. Ils rentrent à Bagdad où le peuple les accueillera avec joie. Le magicien sera pendu dans le château en ruine et le fils du magicien sera transformé en cigogne et placé dans une cage. Chose promit chose due, le calife épouse la belle princesse, et bien sûr tous (ou presque) vécurent longtemps et heureux.
Voici le plan pour vous rendre à Duttlenheim.
Légendes thématiquement proches :
Légendes géographiquement proches :
Bibliographie :
Contes Populaires et légendes d'Alsace. Edition France Loisirs. 1994. Pages 232-240. Livre relativement moyen.
Site de la mairie de Duttlenheim http://www.mairie-duttlenheim.fr/qui vous fournira divers renseignements sur le village.
Armorial général Haute et Basse Alsace. Charles d'Hozier. 1696. Une mine d'informations sur l'héraldisme. Consultable via Gallica.
Dictionnaire des figures héraldiques. Théodore de Renesse. 1894. Cet ouvrage permet de trouver un blason à partir de son graphisme. Egalement disponible sur Gallica.
Digital Library Project : http://digital.library.upenn.edu/women/mcdonnell/hauff/hauff.html
pour la version originale traduite fidèlement de l'allemand en anglais des contes de Hauff.
Wikipédia. Wihelm Hauf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Wilhelm_Hauff
1 commentaire:
Ah ! Si l'on avait une formule magique pour nous aider dans la vie ! Oui, mais tout à son revers ! Serions-nous prêts à en rire comme ces deux compères ? Voilà la leçon du jour...
Ce fut long, peut-être, mais c'était bien plaisant à lire
Bonne journée Thérion
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