lundi 21 septembre 2009

La légende de la dame blanche de Montségur

Château de Montségur - Montségur (09)


La légende :

Le vent se lève. Tombe une goutte de pluie. Puis deux. Les nuages s’amoncèlent. Le blanc vire au gris. De plus en plus sombre. Noir, même. Une atmosphère froide enveloppe tout. La chute espacée des gouttes se resserre. En quelques minutes une nuit artificielle est tombée sur le pog de Montségur. Puis un éclair de lumière apparaît suivi d’un brusque claquement. L’orage est là, terrible et oppressant.


Les nuages arrivent sur une des montagnes en face de Montségur


Au milieu de cette impression de fin du monde, une silhouette spectrale parcours les remparts de Montségur, mélant ses pleurs lancinants aux rugissements de l’orage. C’est le fantôme d’Esclarmonde, désormais dame blanche des ruines, qui pleure le massacre des siens, cathares et victimes de la croisade levée contre eux.

Et quand le tonnerre s’éloigne, que la pluie s’éclaircit et que le ciel reprend sa belle couleur bleutée, la dame blanche disparaît du pog. Mais les habitants savent bien qu’Esclarmonde vient de les avertir d’un malheur qui ne tardera pas à arriver.


At the gates and the walls of Montségur, Blood on the stones of the citadel.



Les variantes :

Il existe une variante importante à cette légende. On dit que les nuits d’orage Esclarmonde descend de Montségur avec un cortège funèbre, compagnons d’arme et amis de la dame ,en direction du lac noir. La procession fait un arrêt par une grotte voisine, cache toujours actuelle du trésor des cathares, puis gagne le lac. Malheur à celui qui lancerait une pierre dans ce lac, il déclencherait une tempête d’une rare violence sur Montségur en réveillant l’âme de la dame blanche.
Je n’ai pas choisi cette version de la légende, car elle me semble être, dans la mouture que j’ai lu, un ramassis de beaucoup d’idées peu fiables. J’ai préféré la simplicité qui parait plus authentique.



La réalité :

Le château de Montségur, un château cathare ?

Montségur est le château qui symbolise certainement le plus, dans l’esprit du grand public, ce qu’il est commun d’appeler un « château cathare ». Il faut dire que cette forteresse a tout pour elle. Impressionnant vaisseau de pierre jugé sur un non moins impressionnant pog, il fut de plus un haut lieu de résistance physique, mais surtout idéologique, et d’ailleurs jusque dans la mort, des cathares contre l’église et ses alliés. Il fut également le lieu (ou en tout cas le symbole, car le lieu exact n’est pas absolument certain) d’un gigantesque massacre et par extension de tous les cathares morts pour leur foi.


Euh... Montségur ?

Mais Montségur n’est pas un château « cathare ». En tout car il n’est pas celui que connurent les hérétiques. Le Montségur qu’il nous est possible de visiter actuellement est une reconstruction postérieur du château qui se défendit si longtemps, par Guy de Lévis, un des compagnons de Simon de Montfort. On parle de Montségur III, suite de Montségur II qui fut réaménagé par les cathares pour pouvoir résister, à partir des ruines d’un Montségur I. Il vous sera possible de lire la description de l’architecture des différentes époques en de nombreux endroits mais il faut simplement garder en tête qu’outre la forteresse, existait un véritable village au sein de l’enceinte. On estime que c’est environ 300 personnes qui vivaient sur la montagne.

Le catharisme fait vendre. Montségur est donc redevenu cathare, tout comme tout ce qui peut s’exploiter touristiquement dans cette si belle région.


Des touristes à l'assaut du castrum.


Le siège de Montségur, terreau de la légende.

Le château de Montségur subira quatre sièges au cours de la croisade contre les Albigeois, mais seule la quatrième tentative réussira. Elle est l’œuvre de Hugues des Arcis et de Pierre Amiel qui l’amorcent en 1243.

Sur les hauteurs se trouvent environs 300 hommes, femmes et enfants, dont le seigneur des lieux, Raymond de Péreille, ainsi que sa femme, son fils et ses filles, au nombre desquelles on trouve Esclarmonde.
En contrebas se trouvent jusqu’à 6000 hommes pour assiéger le castrum. Pendant une années, les assauts se succèdent contre les murs de la forteresse jusqu’au moment où, en mars 1943, trop affaiblis, les cathares se rendent.

Nan, cette fois je ne vois pas du tout ce que ça peut être... Versailles ?

Parmi les conditions de la reddition, les assiégés demandent et obtiennent 15 jours de délais pour pouvoir se préparer, ainsi que la vie sauve pour ceux reniant leur foi ainsi que pour les soldats et les laïcs.

Le mercredi 16 mars 1244, les portes du château s’ouvrent pour laisser passer, entre autres, 224 cathares n’ayant pas renié leur foi et qui seront brûlés sur un bûcher se trouvent à priori sur un champ qui prendra le nom de champ des Crémats. C’est ainsi que prendra fin l’épopée de la résistance des cathares à Montségur. Ce n’est pas encore la fin du catharisme, mais une important page sanglante est écrite.


La sortie des cathares


Esclarmonde, une dame blanche « parfaite ».

Dame blanche de château est un poste très couru et lors du recrutement deux Esclarmonde se sont présentées pour la place. Attention, pour être dame blanche à Montségur il était bien précisé dans l’annonce qu’il ne fallait craindre ni l’orage, ni la pluie, ni la nuit ; qu’il fallait aimer travailler seule ; et qu’il était préférable d’avoir la larme facile et le râle déchirant.

Résultat des courses ? Esclarmonde de Péreille et Esclarmonde de Foix furent rapidement départagées par notre DRH expert en dame blanche. Sa préférence se porta tout d’abord évidemment sur la « grande » Esclarmonde, celle de Foix. Mais le fait de refuser de venir mourir à Montségur, parce que soit disant elle était mieux à Pamier, nous prouva son flagrant manque de motivation. Restait Esclarmonde de Péreille qui nous fit vive impression dans ce rôle.




Esclarmonde de Péreille (à l’orthographe évidemment variable) est la fille de Raymond de Péreille et de Corba, comme nous l’avons vu. On la dit belle et courageuse, mais également infirme. Ce qui est plus sûr c’est que la jeune fille va demander le « consolamentum » (baptême cathare qui permet « d’annoncer la bonne parole ») quelques jours avant la reddition, tout comme sa mère et comme l’avait déjà fait sa grand-mère. Elles savaient que cet acte les conduirait inévitablement vers le bûcher. C’est effectivement ce qui se passera quelques jours plus tard. Esclarmonde avait 20 ans et les a toujours depuis plus de 700 ans, lorsque le tonnerre se met à rugir sur le pog de Montségur.




Plan :

Voici le plan pour se rendre à Montségur. Une fois sur place suivez l'impressionnante file de touristes et montez à l'assaut des murailles.


Légendes thématiquement proches :




Légendes géographiquement proches :





Bibliographie :

La dame blanche de Montségur. Le « chevalier Dauphinois ». Château féodal et ruine médiévale. http://chateau.over-blog.net/article-2392264.html. Un site que je parcours toujours avec un intérêt soutenu et qui contient une partie sur les légendes liées aux châteaux.

Les cathares. Guy Mathelié-Guinlet. Pages 79-81, 129-138

Le défi cathare/ Renée-Paule Guillot. Page 165. Disponible via Google Books. http://books.google.fr/books?id=UUWlVVOlp34C&pg=PA165&lpg=PA165&dq=esclarmonde+pereille&source=bl&ots=ZQJoXvHEP_&sig=-NbS8tLVTq6HWvtSwak7ex5dIm4&hl=fr&ei=R7m3SpO0FsSd4gbI6sh8&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=6#v=onepage&q=esclarmonde%20pereille&f=false

Château de Montségur. Wikipédia. http://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_de_Monts%C3%A9gur

Le Folklore du Languedoc. Robert Jalby. Pages 116-117. Disponible via Google Books. http://books.google.fr/books?id=w5NSk_XczYsC&printsec=frontcover&client=firefox-a&source=gbs_v2_summary_r&cad=0#v=onepage&q=&f=false

A travers le Moyen Age. Napoléon Peyrat. 1865. Pages 77-92. Disponible via Gallica. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k73883v.image.r=esclarmonde+l%C3%A9gende+montsegur.f81.langFR.tableDesMatieres Très agréable à lire… mais à utiliser avec moult précautions.

Les 5 Esclarmonde ou la confusion. Catharisme.net. http://www.catharisme.net/les5esclarmonde.htm où vous apprendrez que les histoires d’Esclarmonde sont bien compliquées par rapport à ce que j’ai choisi de vous expliquer.

Esclarmonde. http://esclarmonde.site.voila.fr/page1.html

6 commentaires:

Le Chercheur a dit…

Les légendes comporte toujours une base de vérité... Même si cette vérité est très très éloigné du récit.
Ce blog est un petit plaisir que je goute avec délectation.

Anonyme a dit…

Bonjour. Je lis beaucoup de livres d'histoire et m'intéresse à l'épopée cathare, ce qui fait que j'ai été amené à consulter votre site. Vous y écrivez ceci :
"En contrebas se trouvent jusqu’à 6000 hommes pour assiéger le castrum. Pendant une années, les assauts se succèdent contre les murs de la forteresse jusqu’au moment où, en mars 1943, trop affaiblis, les cathares se rendent."
Le siège ayant débuté en 1243, je ne pense pas qu'il ait duré 700 ans ! De même, le château de Montségur n'est pas "jugé" sur un pog, mais juché !

Anonyme a dit…

Esclarmonde de Foix étant morte en 1215; je doute qu'elle ait été en compétition avec la fille du seigneur de Montdégur pour tenir le rôle de la dame Blanche...

Anonyme a dit…

Il paraitrait aussi (ce n'est qu'une rumeur) qu'une jeune femme était évanouie quand on l'a brulée car elle avait une infection au bras, à cause d'un carreau d'arbalète.

Anonyme a dit…

Si vous voulez en savoir plus sur la religion des cathares :
Les cathares vivaient simplement et ne mangeait que du poisson, qu'ils pensaient qu'il naissait spontanément dans l'eau. Ils pensaient aussi que le monde spirituel a été créé par Dieu mais le monde corporel a été créé par Satan pour leur rendre leur fautes plus faciles car ils ont besoins de se nourrir et autre, voilà!

Anonyme a dit…

effectivement. Aujourd'hui, ont les appellerai "Amish"