Roche du saut du prince Charles - Saverne (67)
La légende :
Alors qu’il était sur les hauteurs de Saverne, le prince Charles fut prit en chasse par ses ennemis. Pour leur échapper, il fit faire à sa monture un saut depuis une roche située à une douzaine de mètres de haut. Destrier et cavalier arrivèrent tout deux en bas sains et saufs. Mais du fait de la hauteur, le cheval marqua la pierre en contrebas de l’empreinte de ses quatre fers. Et c’est tout juste boitant d’une patte que la monture reconduit le prince à Saverne.
Les variantes :
J’ai utilisé la version qui m’a paru la plus ancienne pour rédiger mon texte. Elle est inspirée de la version de Voulot qui date de 1872.
Une variante conte que c’est entraîné par l’ardeur de la chasse que le cheval aurait sauté du haut du rocher. Une autre version mêle les deux premières en narrant que le prince fut poursuivit par des ennemis « secrets » lors d’une chasse à courre.
Une variante conte que c’est entraîné par l’ardeur de la chasse que le cheval aurait sauté du haut du rocher. Une autre version mêle les deux premières en narrant que le prince fut poursuivit par des ennemis « secrets » lors d’une chasse à courre.
La précision selon laquelle le cheval rentre en boitant ne figure généralement pas dans les autres sources de la légende que j’ai pu lire. Ajout cette version ou perte ultérieure ? Je ne saurai le dire.
Une légende dont le début est identique existe sur la colline de Sion. Dans celle-ci c’est une jeune princesse qui fait le grand saut et qui va laisser en contrebas les marques de son cheval. Mais nous aurons l’occasion de voir cette légende en détails très (c'est-à-dire « assez ») prochainement.
Une légende dont le début est identique existe sur la colline de Sion. Dans celle-ci c’est une jeune princesse qui fait le grand saut et qui va laisser en contrebas les marques de son cheval. Mais nous aurons l’occasion de voir cette légende en détails très (c'est-à-dire « assez ») prochainement.
La réalité :
La roche du saut du prince et son environnement.
La roche du saut du prince Charles se trouve sur les hauteurs de Saverne. Haut d’une douzaine de mètres, il est creusé d’un petit autel. A ses pieds se trouve une singulière route datant du XVIème siècle et creusée d’ornières servant à guider les roues des charrois. Au somment du rocher se trouvent des traces de fer à cheval (en tout cas au moins une), mais celles qui nous intéressent sont celles que l’on peut voir en contrebas de la roche, de l’autre coté de la route de pierre.
Comme l’indique la légende, une roche porte la trace de quatre fers. Ils sont situés dans l’axe de la roche du saut du prince Charles et sont très rapprochés les uns des autres. En laissant travailler son imagination on pourrait parfaitement envisager qu’un cheval, lancé à vive allure du haut de la roche, ait pu atterrir à cet endroit. Évidemment cavalier et monture se seraient écrasés. Mais c’est la que commence la légende.
Le symbolisme du sabot de cheval.
L’autre évidence c’est bien sûr que ces marques de fer à cheval furent creusées par l’homme. Essayez le lancer votre belle-mère avec ses talons hauts du haut d’une roche et vous verrez bien si vous avez des marques de talons dans la roche qui est en dessous.
Mais alors pourquoi trouve t’on ces traces de fers ? Nous partirons bien sûr de l’hypothèse que ces traces sont très anciennes. Si vous suivez un peu le blog, vous savez que des traces de fers on en trouve souvent.
Mais alors pourquoi trouve t’on ces traces de fers ? Nous partirons bien sûr de l’hypothèse que ces traces sont très anciennes. Si vous suivez un peu le blog, vous savez que des traces de fers on en trouve souvent.
Il est possible que ces traces puissent symboliser le passage d’une divinité dans le lieu concerné. On trouve des traces de sabot dans des temples ou dans des lieux de cultes druidiques, ce qui n’est certes pas une preuve que cette hypothèse soit vraie. Par contre la tradition populaire a longtemps assimilé des traces de sabot à des preuves du passage de tel ou tel saint. Serait-ce une résurgence ou une christianisation des croyances passées ? D’ailleurs dans notre légende ces marques ne sont t’elle pas la trace du passage de notre fameux prince Charles.
Ces marques pourraient également être des marques « magiques » destinées à éloigner les forces maléfiques, les mauvais sorts ou tout simplement les forces de la nature.
Des auteurs pensent que les marques de sabot sont des représentations simplifiées à l’extrême d’une déesse, la forme étant, selon eux, un symbole de féminité.
Parfois on pense que des marques de sabots représentent la course du cheval solaire, celui qui tire le soleil. Or ici les marques partant vers le sud, nous pouvons abandonner cette hypothèse. Toujours dans le domaine astral, on trouve parfois la symbolique de la constellation des Pléiades.
Dans certaines régions ces traces servent d’indicateur de route ou de borne pour un domaine ou un champs. Toutefois dans notre cas la position en bord de falaise rend cette hypothèse peu séduisante.
Il existe énormément d’autres hypothèses et nous ne sommes pas prêt de connaître avec certitude le sens de ces empreintes.
Des auteurs pensent que les marques de sabot sont des représentations simplifiées à l’extrême d’une déesse, la forme étant, selon eux, un symbole de féminité.
Parfois on pense que des marques de sabots représentent la course du cheval solaire, celui qui tire le soleil. Or ici les marques partant vers le sud, nous pouvons abandonner cette hypothèse. Toujours dans le domaine astral, on trouve parfois la symbolique de la constellation des Pléiades.
Dans certaines régions ces traces servent d’indicateur de route ou de borne pour un domaine ou un champs. Toutefois dans notre cas la position en bord de falaise rend cette hypothèse peu séduisante.
Il existe énormément d’autres hypothèses et nous ne sommes pas prêt de connaître avec certitude le sens de ces empreintes.
Mais qui est donc le prince Charles ?
C’est une excellente question que je me remercie d’avoir posé. Il ne s’agit bien sûr pas de savoir qui a sauté, mais bien qui est supposé avoir sauté. Et là nous sommes face à un dilemme.
Certains diront qu’il ne peut s’agir que du fameux Charles de Valois-Bourgogne dit « le téméraire ». Surnommé à son époque de « hardi » ou de « guerrier », on lui attribue évidemment moult exploits et celui-ci lui siérait bien.
Certains affirmeront que c’est évidemment Charlemagne, le puissant empereur dont d’ailleurs le cheval laissa tant et tant de traces de son passage.
Certains clameront qu’il s’agit de Charles de Vaudémont (Charles IV de Lorraine) et j’aurais tendance à opter aussi pour lui dans la série des « Charles ». Les troupes de celui-ci occupèrent la ville pendant quelques temps lors de la guerre de trente ans, jusqu’à ce que le roi de France ne l’oblige à repasser le Rhin pour regagner l’Empire.
Certains diront qu’il ne peut s’agir que du fameux Charles de Valois-Bourgogne dit « le téméraire ». Surnommé à son époque de « hardi » ou de « guerrier », on lui attribue évidemment moult exploits et celui-ci lui siérait bien.
Certains affirmeront que c’est évidemment Charlemagne, le puissant empereur dont d’ailleurs le cheval laissa tant et tant de traces de son passage.
Certains clameront qu’il s’agit de Charles de Vaudémont (Charles IV de Lorraine) et j’aurais tendance à opter aussi pour lui dans la série des « Charles ». Les troupes de celui-ci occupèrent la ville pendant quelques temps lors de la guerre de trente ans, jusqu’à ce que le roi de France ne l’oblige à repasser le Rhin pour regagner l’Empire.
Enfin, certains, dont Dom Calmet, affirment qu’il s’agit du duc Antoine de Lorraine dit « le bon ». Celui-ci prendra également la ville se Saverne. Il le fera pendant la guerre des paysans luthériens en 1525 au cours de laquelle il s’opposera à ces derniers. Les luthériens s’en seraient prit aux symboles de l’église (monastères, églises, reliques) et peut être faut il voir dans cette légende, si Dom Calmet ne s’est pas trompé, un hommage des vainqueurs au duc qui leur vint en aide. Mais alors comment est on passé d’Antoine à Charles. Y a-t-il eut une modification ou une confusion tardive ? Encore des questions sans réponses.
Plan :
Voici le plan pour vous rendre sur la roche du Prince Charles. La première option consiste à se garer sur le parking du jardin botanique (et profiter en faire le tour). La seconde option consiste à prendre les petits sentiers qui parcours la montagne.
Légendes thématiquement proches :
Légendes géographiquement proches :
Bibliographie :
Le saut du prince Charles. Légendes d’Alsace. Gabriel Gravier. Tome 3. Pages 191-192
Lieux attachés à Charlemagne. Société Française de Mythologie. http://www.mythofrancaise.asso.fr/mythes/figures/CHlocal.htm
Le Saut du Prince Charles. Les environs de Saverne. Thierry Heitmann. http://thierry.heitmann.free.fr/environs/prince.htm
L’Alsace. Nouvelle Description. 1826. Jean-Frédéric Aufschlager. Page 280. Disponible sur Google Book.
Notice de la Lorraine 2ème édition. Augustin Calmet. 1840. Tome 2 Pages 34-36 et 312-314. Disponible sur Google Book.
Pierres Mystérieuses – Histoire – légendes – énigmes. Pierre Delactrétaz. Pages 51-52. Disponible sur Google Book.
Découverte d’une gravure de sabot de cheval de l’époque néolithique sur le rocher de grand chiron. Marcel Baudoin. Bulletin de la Société préhistorique française. Année 1909. Pages 238-260. Disponible sur Persée.
Charles IV de Lorraine. Wikipédia. http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_IV_de_Lorraine
Antoine de Lorraine. Wikipédia. http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_de_Lorraine
Notules sur l’art schématique dans l’Ardèche. Paul Bellin. Bulletin de la Société préhistorique française. Année 1961. Pages 342-346. Disponible sur Persée.
Iconographie :
Gruss vom Karlssprung. Auteur inconnu. Pris sur http://thierry.heitmann.free.fr
Charles IV duc de Lorraine. B Moncornet. Via Wikipédia.
Portrait d’Antoine le Bon, duc de Lorraine. Holbein Hans.
3 commentaires:
C'est un très bel article, sur une belle légende, comme on les aime !
Merci Therion !
Traces d'histoire ou histoires de traces !
Nous voici bien, avec ses enigmes... mais que d'articles captivants !!
merci Therion
Merci à tous les deux.
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