lundi 13 avril 2009

La légende de la chapelle de Rabas et de la source Charlemagne 1/2

Source Charlemagne / Chapelle de Rabas - Saint-Hubert (57)




La légende :


Lors d’un de ses passages dans la cité de Thionville, Charlemagne partit chasser dans cette région qu’il aimait tant. En cette chaude et belle journée il prit la direction de Vigy et se mit en chasse dans les environs de Saint-Hubert. La journée avançant, les effets de l’astre du jour se firent plus intenses. La chaleur devint même accablante et à force de poursuivre sangliers et cerfs, les hommes de l’Empereur se perdirent.



La conjonction de leurs efforts et de la chaleur fit naître, chez les hommes comme chez les bêtes, une soif intense. Malgré les recherches il fut impossible de trouver le moindre filet d’eau ou la moindre petite mare pour parer à la déshydratation.


Première source


Très touché de voir les siens ainsi souffrir, Charlemagne fit un vœu à la Vierge. Il lui construirait une chapelle si elle venait à son secours en leur apportant de l’eau. Et aussitôt une eau salutaire apparue aux pieds du cheval de l’Empereur.


Deuxième source


Charlemagne fidèle à sa promesse fit construire, à peu de distance de là, une chapelle dédiée à celle qu’il invoqua.



Les variantes :


Il existe une variante de la légende contant que l’empereur demanda à son cheval de frapper trois fois le sol pour faire jaillir l’eau. Il est dit que si l’on creuse le sable, on peut encore voir la trace du sabot du destrier dans le sol. Cette variante se solde également par la construction de la chapelle de Rabas.

Une seconde légende reprend la même amorce et arrive à une conclusion identique, mais par un biais très différent. C’est ce que nous verrons ici.


Troisième source


La réalité :


Le cheval de Charlemagne, un animal bien peu discret.


Si l’on s’attelait à une recherche systématique des lieux légendaires marqués par Charlemagne, et notamment par son destrier, on serait certainement surpris du nombre de traces de sabots laissées. La croyance populaire voit son passage par exemple à Chavigny (54), à Saverne (67), à Gérardmer (88), etc. A Chavigny, c’est exactement la même légende que l’on retrouve.

Mais Charlemagne n’a pas forcement besoin de son cheval pour faire apparaître des sources. C’est ce que la légende lui attribut entre autre à Saint-Agnant (17). Et puis quand il est las de ne laisser que l’empreinte du sabot de son cheval, l’Empereur ajoute la marque de ses fesses à côté, comme à Lagrasse (11).



Ce que nous dit l’histoire, c’est que Charlemagne aimait effectivement la chasse et qu’il aimait également Thionville, qui connut d’ailleurs sous son influence de nombreuses modifications. Il existe par exemple la légende de la Tour aux puces qui lie Charlemagne à la ville (nous verrons que l’histoire, la vraie, n’est pas aussi simple que ça).



La chapelle de Rabas, une initiative de Charlemagne ?


L’histoire ne contredit pas la possible influence de Charlemagne dans la construction de la chapelle de Rabas. Les « Chroniques de la cité de Metz » en fait d’ailleurs mention.


La chapelle est d’abord en 806 un petit oratoire. Au cours du XIème siècle, les lieux deviennent une destination de pèlerinage. C’est au monastère de Saint-Arnould qu’incombera l’entretien des lieux. La révolution passera par là et la chapelle sera revendue à un particulier. Un bon siècle plus tard elle sera rachetée par l’église qui la relèvera de ses ruines pour la remettre dans son état actuel.




La source Charlemagne


La source Charlemagne correspond à trois résurgences de l’eau allant alimenter le ruisseau de Reibach. Voila pourquoi, dans la variante de la légende, le cheval frappe trois fois le sol. Il y a fort à parier que les lieux furent un lieu de dévotion païenne ainsi christianisé. Nous en reparlerons dans la seconde légende. On peut toutefois noter qu’il existe une grande analogie entre le Charlemagne des légendes et les saints eux aussi légendaires. La capacité à produire des sources, à marquer le paysage ou à invoquer la Vierge étant du ressort du merveilleux.


Les trois sources. Celle de de droite est cachée par le monticule. La poubelle est en bonus.



La croyance :


En plus des légendes, une croyance baigne Rabas.

La tradition populaire assure que les lieux guérissent les nourrissons rachitiques. L’opération consiste à apporter un vêtement du « malade » et le jeter dans l’eau. Si le vêtement flotte, la guérison est certaine. Il faut ensuite aller toucher la statue miraculeuse de Notre-Dame de Rabas. Evidemment il sera utile d’aller boire l’eau de la fontaine Charlemagne et en rapporter pour s’en servir après le retour.

Voici un nouvel élément en faveur d’un ancien lieu culte païen.





Plan :


Voici le plan pour vous rendre à la chapelle de Rabas et à la source Charlemagne. Les deux sont à peu de distance l'un de l'autre le long de la route. Il existe de belles randonnées à faire en partant par exemple de l'ancienne abbaye de Villers-Bettnach.



Légendes thématiquement proches :




Légendes géographiquement proches :





Biographie :


La Lorraine des Légendes. Roger Maudhuy. Pages 290-291. Une source toujours aussi indispensable.


Contes et légende de Lorraine. Nicole Lazzarini. Pages 257-258. Un très beau travail d’écrivain, très agréable à lire.


Vigy – Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Vigy avec une des versions de la légende


Thionville sous Charlemagne – En-moselle.com : http://en.moselle.free.fr/Histoire/thionvillesscharlemagne.htm


Lieux attachés à Charlemagne. Société de mythologie française. http://www.mythofrancaise.asso.fr/mythes/figures/CHlocal.htm


Les fontaines à légendes de la commune de Saint-Agnant. Jacques Duguet. http://seucaj.ifrance.com/fontainessa.htm


Les fesses de Charlemagne. http://www.editions-verdier.fr/banquet/n37/garrig2.htm


Charlemagne dans l’historiographie messine. Mireille Chazan. Ecriture de l’histoire (XIV-XVIeme siècle). Page 65


Une langue, deux cultures. Gerard Bouchard, Martine Segalen. Page 61.



Iconographie :


Charlemagne (émaillerie). Colin Nouailher ? 16ème.


Charlemagne, Empereur d'Occident. Louis Felix Amiel. 19ème.


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