dimanche 13 avril 2008

La légende de la roche de Saint Colomban

Roche Saint-Colomban - Gérardmer (88)



Légende :


Au cours du 6ème siècle, un moine irlandais du nom de Colomban vint dans les Vosges pour évangéliser les païens vivant dans les montagnes. Un jour, près de Gérardmer, il fut poursuivit par ceux qu’il voulait convaincre. Par miracle une roche dans la montagne s’ouvrit pour laisser le passage à l’homme en danger, puis se referma sur lui pour le protéger de ses poursuivants.


La roche Saint-Colomban


La réalité :

Les temps ont été rudes pour cette légende et il ne nous en reste qu’une version certainement raccourcie. On peut supposer qu’il existait un début expliquant la raison de cette poursuite et une conclusion avec certainement des conversions à clé... évangélisation oblige.

Cette légende n’est pas la seule à mettre en scène un saint trouvant refuge dans une roche s’ouvrant miraculeusement. En Lorraine Saint-Elophe possède aussi sa roche. Celle-ci le protégea alors que, déjà mort, il s’en allait, la tête sous le bras, gagner sa sépulture.


La roche :

La roche dite « de Saint-Colomban » est un gros bloc de granit d’environ 12 mètres de haut pour une petite dizaine de large. Elle se trouve dans la vallée de la Vologne, dans une zone possédant une densité de légendes assez prodigieuse. Juste en face se trouve le pont des fées, objet de plusieurs légendes. Un peu plus en amont la pierre Charlemagne, et en aval la fente du Kertoff. Au dessous de tout cela, plane l’ombre de la célèbre fée Polybote. Voila donc une roche bien entourée qui ne demandait qu’à avoir sa propre légende.

La roche Saint-Colomban dans l'axe du pont des fées.


Saint Colomban :

Le futur saint nait en 543 au nord-ouest de l’Irlande d’une famille aisée. Il deviendra moine au monastère de Bangor où il restera pendant près de 30 ans. C’est alors qu’il quittera l’Irlande avec 12 compagnons pour les royaumes Francs. Il débarque en Bretagne (570) puis se dirige en Austrasie pour rencontrer le roi Childebert II. Le souverain autorisera son installation et le petit groupe d’hommes va se diriger vers Annegray dans les Vosges Saonnoises pour y fonder un monastère. Colomban va effectuer pendant cette phase une première retraite dans une grotte (587). Devant le succès des vocations qu’inspire son monastère, il va finalement fonder un second monastère un tout petit peu plus au sud, à Luxeuil (590), toujours en Hautes-Sâones, dans un lieu plus propice à accueillir beaucoup de moines. Il en fondera un troisième à Fontaine, à quelques kilomètres de Luxeuil. Dans ces trois monastères, il impose une règle de vie relativement sévère avec des punitions pour tout écart.

Colomban va faire naître des inimitiés parmi les puissants. Tout d’abord avec l’église franque contre laquelle il va s’opposer sur la date du calcul de Pâques. Ensuite avec Brunehilde, grand-mère du roi Thierry II, en refusant de bénir ses petits-enfants. En conséquence, Colomban va devoir quitter Luxeuil et son monastère (610) pour regagner l’Irlande. Mais son bateau s’échouant et le revoici en Bretagne, cette fois sur la côte Sud. C’est bien sûr vers le roi de Neustrie qu’il va se tourner. Clotaire II va l’accueillir mais Colomban préfère poursuivre son périple jusqu’aux territoires germaniques. Il construira un second monastère à Bregenz (612) sous la protection du roi de Neustrie. Il passera alors à nouveau une période en ermite dans les montagnes.

A nouveau chassé du fait de ses différents avec Brunehilde, Colomban devra se réfugier en Italie où il fondera un dernier monastère dans la vallée de Bobbio. C’est là qu’il meurt en 615.


Colomban à Gérardmer ?

Colomban a donc énormément voyagé mais il ne semble pas qu'il soit passé par Gérardmer. Car si il s’est bien installé quelques temps dans une grotte dans le massif des Vosges, c’est à Annegray dans le département de la Haute-Saones qu’il l’a fait. Il envoya par contre un de ses disciples les plus fidèles, Héliodore, prêcher en Lorraine. Il y a peut-être eu confusion entre les deux hommes.


Plan :

Voici le plan pour vous rendre à la Roche Saint Colomban. Vous pouvez partir de Gérardmer ou de Kichompré. La promenade est superbe le long de la Vologne.


Légendes thématiquement proches :


Légendes géographiquement proches :


Bibliographie :

Panneau explicatif sur les lieux.

La roche Saint Colomban. Annales de la Société d’émulation des Vosges. 1907. Page 164.

Le voyage de Saint-Colomban. Résumé de Maitrise. Labaronne Cécile. http://membres.lycos.fr/stcolomban/
Un exposé clair et précis sur le voyage de Colomban.

Colomban de Luxueil. Wikipédia. http://fr.wikipedia.org/wiki/Colomban_de_Luxeuil

L’abbaye de Luxueil. Les amis de Saint Colomban. http://www.amisaintcolomban.net
Un site très complet sur la vie et le parcours de Saint-Colomban.

Histoire de la Lorraine. Jean Vartier. 2005. Pages 29-30.


3 commentaires:

Mélusine a dit…

Ah que oui ! Les promenades sont superbes du côté de Gerardmer !!
Autant je me trouvais souvent près du pont des fées, autant, je ne me suis jamais aperçue de la roche de Saint-Colomban
Tu m'invites à poursuivre mes voyages et à regarder autrement des lieux pourtant déjà bien connus !!
Bisous

Therion a dit…

C'est vrai que la région est somptueuse, et la vallée de la Vologne tellement dépaysante.
Quand tu es sur le pont des fée, la roche est juste en face. Il a un tout petit panneau à gauche de la roche qui raconte succitement l'histoire.

Therion a dit…

Fées avec un "s" d'ailleurs.... J'ai appris en parcourant ton blog que la notion de "fées" pour ce pont vient d'une déformation du mot "sapin" et non des fées légendaires. Tant pis, la légende y a quand même implanté des fées que nous verrons à l'occasion.